Bernard Foucher, la mystique de la lumière

Les expos de l’été

Ce qui surprend en déambulant dans cette grande exposition rétrospective  de l’œuvre de Bernard Foucher, artiste orléanais autodidacte,  en l’église Saint Pierre le Puellier d’Orléans, c’est tout autant l’incroyable diversité des projets de l’artiste que la prolifération des matériaux utilisés pour leur expression. Du vitrail à la tapisserie en passant par la peinture et la réalisation de livres originaux, Bernard Foucher nous montre l’incroyable capacité créative qui peut s’emparer de son esprit tout aussi bien à partir d’un tronc de poirier que d’un poème d’Hélène Cadou.
Et disons-le, on ne peut rester insensible à cette mystique de la création qui anime cette abstraction visuelle.

L’art et la matière

Certes, le visiteur préférera sans doute la présentation du travail de création des vitraux, notamment ceux de l’abbaye de Bouzy la Forêt, admirablement mis en scène dans des caissons lumineux qui laissent subtilement entrapercevoir la pierre du lieu, mais ne nous y trompons pas, tout fait œuvre artistique dans la quête de cet artiste à la curiosité inépuisable.
Ses étranges sculptures, sortes d’esquisses graphiques en 3D multi-matériaux, que l’on retrouve déclinées dans ses œuvres picturales, ne sont sans doute que cela, mais elles offrent à voir une étape, une strate de la pensée créative de l’artiste. Ses tableaux, présentés sur les murs latéraux de l’église, forment un sous ensemble d’œuvres où l’expression de l’artiste trouve sans doute son accomplissement le plus personnel,  le plus libre de par leur maitrise technique.

Bernard Foucher

Car, en plus d’être un artiste protéiforme, Bernard Foucher est un artiste qui travaille “au risque de la matière”, et ce qui est moins visible dans la contemplation de ses œuvres achevées, c’est la confrontation de leurs créations aux techniques complexes que sont la tapisserie ou la fabrication des vitraux, confrontation que l’artiste transcende par des rencontres humaines avec les artisans d’art pour atteindre la plénitude de son expression artistique.

Aux  antipodes du stéréotype de la solitude de l’artiste maudit, l’atelier de Bernard Foucher est ouvert au monde, un monde qu’il ensemence de sa méditation intime, par la fulgurance de ses créations, une forme d’action de grâce pour la vie, où chacun verra le créateur à l’image de sa mystique personnelle.

Gérard Poitou