“L’économie du couple”, une analyse marxiste (tendance Karl) du couple

l'économie du couple

Marie et Boris ont formé un couple pendant près de quinze ans. Ils se sont séparés sentimentalement mais pas physiquement. Boris n’a pas assez d’argent pour envisager une location et surtout, il réclame la moitié de la vente de l’appartement pour tous les travaux qu’il y a menés. Marie tient à l’appartement et veut y continuer sa vie avec ses filles. Les anciens amants se battent pour défendre l’une sa propriété et son capital, l’autre son travail. Cette vie de couple se transforme en lutte des classes. L’argent et ce qu’il permet d’acheter (alimentation, chaussures de foot,…) sert de trait d’union entre ces deux adultes. Ce traitement économique du couple est désarmant car il renforce la dureté de chaque échange.

La caméra de Joachim Lafosse est plantée au milieu de l’appartement, au croisement des allers et venues. Cette proximité fait du spectateur un témoin, comme la famille ou les amis. Le spectateur ressent la moindre inflexion de part et d’autre. L’un est prêt à lâcher prise, l’autre conforte sa position. Ce rapport de force installe une tension de bout en bout et le réalisateur joue avec elle, l’éclipsant le temps d’un armistice chorégraphique ou la renforçant lors d’un dîner avec des amis. Ces proches hésitent entre le silence gêné et la discussion consensuelle, tentant d’apaiser le climat. Parmi les proches, il y a ceux au premier rang : les jumelles et la mère de Marie (interprétée par Marthe Keller). Elles subissent la tension, les disputes et les confrontations, devenant parfois un enjeu.

C’est au milieu de ces seconds rôles finement interprétés que les anciens amants déambulent. Les deux interprètes s’opposent et se complètent. Cédric Kahn dans le rôle de Boris est très imposant. Son corps envahit les plans et renforce l’embarras provoqué chez Marie. Sa voix cassée et ce ton assuré chahutent toutes les émotions interprétées par Bérénice Béjot. Elle tente d’être dure, de fixer des limites pour se protéger mais ne peut rien contrôler. Un changement de ton, un regard de côté font tout de suite glisser du sourire aux larmes.

Un film qui allie la beauté plastique de Sautet au réalisme vif de Pialat.

Julien Leclerc

“L’économie du couple” un film de Joachim Lafosse   1 h 40
Avec Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller

 

Commentaires

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    • Bien d’accord avec vous ! Les médias ont “encensé” ce film alors qu’il est insipide et beaucoup “bobo” ! Sa programmation aux Carmes est étonnante ?

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