“La fille de Brest”, contre vents et marées

Disons-le, le film commence plutôt mal avec cette image d’une femme nageant en pleine mer, métaphore plutôt lourde du combat qui va suivre, subtilité à la Eisenstein filmant un bœuf qu’on égorge quand la police tsariste tire sur le peuple… Et puis le film s’installe, passé l’étonnement d’une Irène Frachon à l’accent danois (Sidse Babett Knudsen), on plonge direct dans le sujet par un reportage en salle d’opération à cœur ouvert, Emmanuelle Bercot, la réalisatrice, plante le décor dans la complexité de ce monde hospitalier et de ses relations de pouvoir. Sans trop de didactisme, le film va nous raconter le combat de cette pneumologue du CHU de Brest, qui découvre un peu par hasard les méfaits cardiaques du Médiator, prescrit en France depuis plus de trente ans.

la fille de brest

On entre de plain-pied dans le plus grand scandale sanitaire de ces trente dernières années en France, mais l’explication forcément un peu technique de l’affaire, n’empêche pas la réalisatrice de bâtir des personnages convaincants dans leur combat, leurs hésitations, voire leur lâcheté momentanée. Autour de notre héroïne, un peu fantasque, gravite une galerie de personnages, du collègue chercheur (Benoit Magimel) qui restera brisé par son engagement à ses cotés, au mari débonnaire et de bon conseil, en passant par cette patiente qui va mourir, jusqu’à ce fonctionnaire de la CRAM qui clandestinement établit l’estimation du chiffre des décès pouvant être attribués au Médiator. (Tiens, ça sert parfois à ça aussi les fonctionnaires…).
Restent quelques caricatures un peu incontournables dans ce genre de sujet, mais peut-être pas si éloignées de la réalité, comme le représentant des laboratoires Servier avec la parfaite gueule de l’emploi, ou la journaliste parisienne dont la gouaille étonne un peu, au Figaro.

Et même si le coté “seule contre tous” est parfois un peu “too much”, le film est une belle fiction bien ficelée, en hommage à tous les lanceurs d’alerte, et la motivation d’Irène Frachon (la vraie) reste une belle leçon d’humanité tout à fait exemplaire par les temps qui courent.

GP

“La fille de Brest”   un film d’Emmanuelle Bercot  2h 08

avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel

 

 

Commentaires

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  1. Votre compte rendu oublie je crois l’essentiel (au delà bien sûr de l’histoire réelle) : la performance éblouissante de Sidse Babett Knudsen qui, ne parlant pourtant pas notre langue, est d’une formidable justesse tant dans l’énergie et la pugnacité de son personnage que dans les moments plus intimes ou plus douloureux. Je n’ai jamais vu Borgen et j’ai fait avec ce film une formidable découverte. Enthousiaste !

    • Vous avez tout dit. Knudsen est juste parfaite dans ce film à qui elle donne beaucoup de hauteur par la justesse de son jeu !

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