Sept candidats sont au départ. Sept qui ont trois semaines pour se faire connaître, pour détailler leurs programmes, pour convaincre, pour donner envie d’aller voter. C’est court et d’autant plus compliqué qu’ils n’ont pas choisi le calendrier auquel ils sont contraints.
A l’origine, quand la direction du parti socialiste a décidé d’organiser une primaire c’était, nul ne s’y est trompé, pour favoriser par une campagne très courte, la réélection du chef de l’Etat sortant. François Hollande ayant jeté l’éponge, les candidats à la primaire de la gauche doivent s’accommoder d’un temps dangereusement limitéC’est pourquoi, les quatre principaux candidats, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Manuel Valls sont entrés en campagne. à peine le jour de l’an passé.

Benoît Hamon.
Pas de meeting cette semaine pour Benoît Hamon. Il va à la rencontre des Français pour « montrer sa cohérence et le travail de fond effectué ». Déclaré depuis la mi-août, le député des Yvelines , ouvertement encré dans l’aile gauche du parti, a mis à son programme, la création d’un revenu universel d’existence, un droit inconditionnel au temps partiel et l’abrogation de la loi sur le travail, Il se voit en outsider avec une trajectoire à la Fillon qu’il s’est permis de tacler sur LCI « moi, je vais peut être gagner aussi grâce au fait que je ne suis pas allé chez Karine Le Marchand », a-t-il déclaré en riant.
Arnaud Montebourg, lui, a choisi de corriger l’image désastreuse qu’à laissée de lui sa fracassante sortie du gouvernement suivi d’un passage dans l’a grande industrie. C’est que, parti lui aussi depuis des mois il a eu le temps de rôder son programme fortement basé sur le made in Fance, demandant entre autre que 80% des commandes publiques soient réservés aux PME française. Cela ne l’empêchera pas de présenter à nouveau son programme ce mercredi. « Pour lui, c’est un redémarrage » dit Laurent Baumel, le député frondeur de la quatrième circonscription d’Indre-et-Loire et candidat à sa succession en juin 2017, proche de l’ancien ministre du Redressement productif.
« Pour moi, c ‘est la dernière ligne droite, quand certains sont au début », confirme l’homme de Saône-et-Loire à l’adresse deVincent Peillon et de Manuel Valls sur sa droite et sur sa gauche, à Benoît Hamon, ajoutant que lui, Arnaud Montebourg, est le mieux placé, s’il gagne la primaire pour négocier avec Jean-Luc Mélanchon son retrait de la course . En quelque sorte, une belle alliance enfin réalisée !
Parti le dernier dans la course à la primaire, Vincent Peillon veut imposer sa place entre Manuel Valls qu’il qualifie de diviseur et Arnaud Montebourg et Benoît Hamon à qui il reproche de s’éloigner de la gauche d e gouvernement. Pour l’ex ministre de l’Education nationale, pas de rupture consommée avec le quinquennat écoulé mais un fort accent européen avec « un new deal européen »impulsé par la relance du « moteur franco-allemand ». Sur le plan économique, il prévoit la création d’un « budget de la zone euro pour soutenir l’activité et l’emploi ou d’un plan d’investissement europeen de « 1 000 milliards d’euros ». Symbole contesté des années Holland »e, la loi travail ne serait pas abrogée mais amendée en revenant sur la hiérarchie des normes mesure qui a enflammé le printemps 2016. Le député européenne qu’il est développe quelques propositions sur la fiscalité comme le plafonnement de la taxe d’habitation pour les plus modestes. Du côté des institutions il envisage l’élection des députés à la proportionnelle intégrale et du côté des solidarités des services publics de la petite enfance et maisons de retraite pour abaisser le coût des séjours.Avec pour seul soutien de poids celui d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, Vincent Peillon est encore en train de chercher sa place. Qu’ « Une ambition intime » de Karine Le Marchand s’intéresse à lui ne serait pas pour lui déplaire.
Manuel Valls, qui s’est fait enfariner à Strasbourg avant les fêtes et copieusement vilipendé pour avoir souhaité l’abolition du 49-3 qu’il a largement utilisé lorsqu’il était premier ministre veut ouvrir une nouvelle page. Il a présenté aujourd’hui son projet. « J’assume pleinement ce qui a été engagé depuis 2012 mais je revendique aussi le droit d’inventivité » a-t-il dit en dévoilant un document multi-thématique de 50 pages comportant un important volet de réformes au niveau des 27 membres de l’Union européenne. S’il parvient à l’Elysée il compte définitivement fermer la porte de l’UE à la Turquie. L’ex locataire de Matignon veut créer au moins 1 000 postes de forces de l’ordre par an, des place de prison, augmenter le salaire des enseignants, et le budget de la recherche, financer un « revenu décent d’au moins 800 euros » en fusionnant les minimas sociaux.
L’ancien maire d’Evry compte sur une campagne éclair et musclé avec un labourage intensif du terrain, allant partout répéter que l’élimination du candidat PS au premier tour de la présidentielle n’est pas une fatalité et que l’important est de mobiliser. Il n’oublie pas que la belle Alliance populaire n’est pas parvenue à mobiliser des candidats aussi différents que Mélanchon et Macron. Si les sympathisants de gauche n’y prennent garde l’un des deux pourrait peser plus lourd que le candidat du PS.
F.C.
Premier Débat télévisé le 12 janvier
Organisé par TF1, RTL et l’OBS en collaboration avec Public-Sénat et LCI sur une durée de 2 heures.
Chaque candidat disposera de 17 minutes au total sur trois thèmes principaux, économie , social et international notamment l’Europe.