“Neruda”, dérision sans raison

Le film débute par une débat entre le sénateur communiste Pablo Neruda avec ses collègues parlementaires dans une grandiose pissotière… on l’a compris, le biopic chilien du plus grand poète du pays a choisi de raconter une page de la vie du héros national sur un ton irrévérencieux, histoire de s’affranchir des contraintes du sujet et donner libre cours à un exercice imaginaire autour de ce poète à la vie fantasque. La démarche peut sembler séduisante (et a visiblement séduit la critique louangeuse de ce film), dans une volonté de rendre la complexité d’un personnage qui mêla engagement politique, génie littéraire et vie mondaine quelque peu libertine.

Pour nous brosser ce portrait non officiel de Neruda, le film choisit un épisode de sa vie au Chili en 1948, à un moment où le parti communiste auquel appartient Neruda est interdit sur la pression des Etats Unis, après plus d’une décennie de progrès social impulsé par un gouvernement de Front Populaire. Mais ça, ça n’est pas dans le film qui se contente de filmer quelques camions chargeant sans ménagement des braves gens hébétés, toile de fond d’un scénario bien classique pour le coup au cinéma, d’un road movie sous la forme d’une poursuite policière. Apparait alors un policier de pacotille chargé d’arrêter Neruda, à la solde d’un président plus stupide que méchant dans sa répression anti-communiste programmée par les USA (comme disait Mao, “l’impérialisme est un tigre de papier..”).

On navigue alors entre une gauche caviar plutôt irresponsable et pervertie et l’obsession des femmes de ce poète ventripotent dont il semble plus honteux d’assumer son appartenance au parti communiste chilien que ses frasques féminines. La présence du parti communiste se limite à des relations avec quelques sbires bêtes et disciplinés, ou à ces foules  récitant du Neruda tel un viatique au moment de leur arrestation.

Le portrait de l’écrivain est ainsi plutôt “fuyant”, pour ne pas dire fumeux, portrait dont le réalisateur de ce vrai/faux biopic, esquive les véritables contradictions du personnage avec l’habileté d’un tricheur qui fait de l’irrévérence une licence narrative, agrémentée d’extraits de poèmes de Neruda. On ne saurait finalement, que trop recommander la lecture de ces textes qui restent après tout, la seule “vérité”  de Neruda.

On se contentera d’un beau final style western US dans une superbe cordillère des Andes…

Gérard Poitou

“Neruda”  un film de Pablo Larraín   1 h 48

Avec Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán

 

 

 

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