Gauguin, ses années oubliées à Orléans

Paris, Rouen, Pont Aven, Arles et bien sûr Tahiti et Les Marquises… « Et Orléans ? » questionne l’écrivain orléanais, Christian Jamet. Très souvent tu, – même par la conférencière Maria Ozerova du musée de l’Ermitage de Saint-Petersbourg, venue le 13 novembre dernier au Musée des Beaux Arts d’Orléans – Paul Gauguin y vécut tout de même près de 9 ans ! Période importante qui permit au célèbre peintre de forger sa personnalité et la spiritualité de ses tableaux. 

Paul Gauguin “Fête Gloannec” Musée des Beaux Arts Orléans

« Les biographes passent sous silence les 9 années de Gauguin à Orléans. Même la chronologie du catalogue de l’exposition actuelle au Grand Palais ! Comme si cela n’avait pas d’importance à une époque où Gauguin formait sa personnalité ! », lance l’écrivain orléanais Christian Jamet, auteur en 2013 de Gauguin à Orléans (Ed. La Simarre) et de Les Chemins de la spiritualité (Ed. Cohen&Cohen, sortie prévue début 2018), « qui accordera une grande place aux années de Gauguin à Orléans et à la spiritualité, thème qui n’a jamais été abordé en France contrairement aux pays anglo-saxons ».

3 ans au Petit Séminaire de la Chapelle Saint-Mesmin

Arrivé à Orléans en 1855 à l’âge de 7 ans, Paul Gauguin, fils de Clovis Gauguin, journaliste dans la cité, va vivre au 25 quai de Prague. Il sera élève dans un pensionnat avant d’intégrer le Petit Séminaire de la Chapelle Saint-Mesmin, à l’époque sous la férule de Monseigneur Dupanloup : « Paul Gauguin va baigner dans le christianisme pendant 3 ans jusqu’à la fin de sa scolarité en 1862. Et contrairement aux idées reçues il n’était pas mauvais élève : pour preuve trois carnets de remises de prix en Grec, Latin et Grammaire ! », poursuit Christian Jamet.

Échouant l’année suivante au concours d’entrée de l’école Navale à Paris, Paul Gauguin revient alors à Orléans où il est scolarisé au Lycée Impérial de la rue Jeanne d’Arc. Il quittera définitivement Orléans en 1865. Un passage orléanais durant lequel il va aussi développer « la sculpture sur manches de poignards mais sans le poignard, comme il l’écrira dans son autobiographie Avant et Après (1903) ».

Si l’on a aucune trace de ces sculptures, en revanche « sa spiritualité, son itinéraire et son œuvre découlent de ses années orléanaises, insiste Christian Jamet : toute son œuvre tahitienne et marquisienne est marquée par retrouver le Paradis perdu. Gauguin n’est jamais sorti de cette empreinte spirituelle gardée en lui ».

Empreinte spirituelle et digitale

Une empreinte évoquée par Maria Ozerova, conseiller scientifique au musée de l’Ermitage de Saint-Petersbourg, lors de sa conférence du 15 novembre dernier, à travers par exemple La Source Miraculeuse « une toile qui ramène à l’Ancien Testament avec son évocation au monde mystique, Ève et Marie », Pastorales Tahitiennes aux couleurs pures et une des illustrations que « Gauguin comparait sa peinture à des vitraux du Mayen-Âge », ou encore sa série de tableaux « entre religion catholique et civilisation tahitienne où le doré est peut-être un renvoi à la lumière divine ».

Toutefois, entre sa brouille avec Van Gogh, sa démarche coloristique unique, la signature particulière de ses tableaux, Tahiti « lieu ressenti comme une terre promise » ou encore l’influence de l’art grec et égyptien, à aucun moment il ne sera question des années orléanaises de Gauguin. Et c’est dommage ! Tout comme la particularité de l’unique tableau de Gauguin acquise par le Musée des Beaux Arts d’Orléans, Fête Gloanec (peinte en 1888 à Pont Aven) : une empreinte digitale du pouce de l’artiste laissée au moment du vernissage !

Peut-être en sera t-il l’occasion en 2018 pour le Musée alors pour le 170e anniversaire de la naissance de Gauguin ou le 115e anniversaire de son décès… ?

Estelle Boutheloup

Commentaires

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  1. Article intéressant et qui témoigne de l’angle de vue orienté et étroit avec lequel on regarde cet artiste.

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