“L’échange des Princesses”, un film de révérences

“L’échange des princesses” adapté du roman historique de Chantal Thomas, raconte ces événements authentiques et méconnus, dont l’auteure avait retrouvé la trace dans les Mémoires du duc de Saint-Simon. Bien loin de la problématique du consentement contemporaine, le film met en scène l’usage courant entre les familles royales d’échanger des femmes comme gage diplomatique d’alliance entre dynasties ou de traité de paix entre les pays, à une époque où le pouvoir s’est longtemps confondu avec la descendance familiale. Évidemment, la curiosité ici, pour ne pas dire sa cruauté, réside non seulement dans l’age des “épouses” échangées, quatre ans et douze ans, mais aussi par le fait qu’il s’agisse d’un échange réciproque entre les deux familles régnantes.

Igor Van Dessel , Catherine Mouchet

A une époque où ces pratiques d’échange qui faisaient des femmes “de la viande à marier” comme le dit sans détour la princesse Palatine (Andrea Ferreol), cette idée du régent Philippe d’Orléans (Olivier Gourmet) n’a rien de bien original puisque pratiquée à tous les niveaux d’une société qui privilégie encore au XVIIIe siècle, tant chez les bourgeois que dans la paysannerie enrichie, les alliances patrimoniales au mépris souvent de la consanguinité. Mais au delà d’une première impression un peu agacée devant cette description compatissante sur les malheurs qui semblent accabler les têtes couronnées, (les conditions d’hygiène les rendent tout aussi vulnérables aux épidémies que n’importe quel quidam), le film réussit assez rapidement à tisser sa trame dramatique dans l’alternance entre les situations des cours d’Espagne et de France, où la mort détricote, de chaque coté des Pyrénées, les aléatoires calculs de succession.

Juliane Lepoureau

Il faut dire que le casting des comédiens compose avec beaucoup de justesse ce tableau d’époque, où derrière des protocoles qui emprisonnent chaque personnage, se construisent des caractères  dont la vérité historique ne nous importe moins que leur drame personnel, entre la soumission ou la révolte qui saisit Mlle de Monpensier (Anamaria Vartolomei), dévolue à douze ans au futur roi d’Espagne, seule représentante de ce qu’il serait convenu de considérer ici comme une individualité “moderne”.

Par une habile économie de moyens, le réalisateur Marc Dugain use dans ce double huis clos de la métonymie des accessoires, tant pour représenter les plaisirs que prend à la chasse le jeune roi Louis XV (Igor Van Dessel) âgé alors de douze ans, comme des poupées de la petite Maria Victoria, poupées dont elle s’entoure comme prémonition de ce que l’on attend d’elle, dans l’interprétation totalement craquante d’une petite fille (Juliane Lepoureau) d’une telle ingénuité émerveillée, que l’on n’est pas sur qu’elle ne croit pas, pendant le tournage, qu’elle joue avec le roi de France.

Lambert Wilson

Et puis il y a la puissante interprétation de Lambert Wilson, le roi Philippe V d’Espagne, saisissante illustration de la phrase de Bakounine “Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou!”.

GP

“L’échange des princesses”  un film de Marc Dugain  1h 40

Avec Lambert Wilson, Olivier Gourmet, Anamaria Vartolomei, Juliane Lepoureau

 

 

 

 

 

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