Avec « Place publique » retour en fête du duo Jaoui-Bacri

La collaboration Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri ne date pas d’hier. « Cuisine et dépendances », « Un air de famille », « Le goût des autres », « « Au bout du conte » nous ont habitué à leur petite musique douce-amère. Ils nous la redonnent à entendre avec « Place publique » qui sort sur les écrans ce mercredi 18 avril. Créativité, écriture ciselée, comique de situation et de dialogue sont au rendez-vous.

Pourquoi intituler ce film « Place publique » quand son cadre est une pendaison de crémaillère dans la belle propriété privée d’une productrice de télévision, Nathalie (Léa Drucker) ? C’est que par la grâce des réseaux sociaux, par la frénésie de communication qu’ils suscitent, par le besoin de se reproduire à l’infini qu’ils impulsent chez la plupart de nos contemporains, par l’idée désormais ancrée dans les têtes que l’on n’existe que dupliqué il n’y a plus de lieu ou de séquence privée. Le ton est donné. C’est en toile de fond, une critique globale mais sans méchanceté des travers de notre société.

La présentation de la fête s’organise autour de Castro (Jean-Pierre Bacri). En bon connaisseur des media, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri égratignent les « leaders d’opinion ». Animateur vedette sur le déclin, Castro, jadis star, est habillé de noir façon Thierry Ardisson et porte une « moumoute » comme certains présentateurs. Cynique, suffisant dont la popularité s’effrite dans les sondages, “has been” qui donne dans son émission une version officielle de sa joie de vieillir est à deux doigts d’être remplacé. Son ex-femme dont il partageait jadis les convictions, Hélène (Agnès Jaoui), humanitaire bobo, obsédée par l’obtention de signatures de pétitions humanitaires est par ailleurs la sœur de Nathalie, la productrice invitante, friquée, avenante mais calculatrice qui s’essaye à la campagne sans en accepter les petits désagréments. Pour être tout à fait in, elle a tenu à avoir dans sa soirée une star voyante de You tube, la maire du village, un agriculteur bio, bref tout un petit monde, symbole à ses yeux du brassage social.

Jean-Pierre Bacri est toujours drôle dans son registre de grincheux poussé jusqu’à la dérision et chante à merveille « Les feuilles mortes » chanson d’Yves Montand. Nina Meurisse, la fille qu’il a eu avec Hélène vient de publier un livre librement inspiré de la vie de ses parents, lesquels sont tout étonnés du ressenti de leur progéniture qui évolue dans un autre monde qu’eux. Le temps qui passe surgit au cœur de la nuit. Il y a enfin le couple Delevenne, les ruraux du coin pour qui les Parisiens sont des ovni, lesquels à l’occasion le leur rendent bien.

Entre cour et jardin, avec ses dialogues percutants, « Place publique » a un petit air de pièce de théâtre. Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri interprètent leur partition en acteurs consommés tout comme Léa Drucker, parfaite en hôtesse prête à sacrifier Castro pour la poursuite de son émission. Samantha (Sara Suco) en serveuse fan des selfies, Pavel compagnon de Nathalie, Vanessa, compagne de Castro et tous les autres tiennent joyeusement leur rôle. Si l’on aime la petite musique Jaoui-Bacri il faut aller voir « Place publique ». C’est l’assurance de passer un bon moment.

F.C.

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