Invité des maires du Loiret, le président du Sénat prône la décentralisation

A l’unisson de leurs pairs des autres départements, les maires du Loiret s’impliquent pour résoudre la crise matérialisée par les Gilets Jaunes. Mais sans vouloir se substituer à l’Etat, qu’ils jugent premier responsable. Une position soulignée samedi 26 janvier, à Orléans, en recevant le président du sénat, Gérard Larcher.

La réforme de la constitution qui se prépare doit amener moins de verticalité, et plus de décentralisation des pouvoirs. Tel était le crédo entendu et répété ce samedi 26 janvier dans la salle du centre de conférences d’Orléans, comme à la tribune, lors des rencontres des maires du Loiret.

Marc Gaudet

Ils étaient près de 200 participants, venus de tout le département, pour profiter surtout de l’intervention de leur invité d’honneur, Gérard Larcher, président du sénat, et comptait dans leurs rangs, à côté du préfet de région, les présidents du conseil régional (François Bonneau) et du conseil départemental (Marc Gaudet), les trois sénateurs du département et deux des 6 députés (Stéphane Rist, Jean-Pierre Door).

Cette matinée de travail, commencée à 9h et terminée à 13h, comptait quelques points habituels, comme les interventions des principaux responsables, les prises de paroles des président-e-s de commissions sur les actions et travaux engagés dans l’année, mais surtout, en seconde partie, deux temps forts, avec la remise des 1er prix de l’innovation décernés à trois communes du département*, en présence de Gérard Larcher, président du Sénat, qui assurait ensuite le show avec la salle, pendant plus d’une heure, pour débattre de la situation actuelle, de la défense des valeurs républicaines, et des projets de réforme de la constitution.

Pour Gérard Larcher, la verticalité de l’état, fortement incarnée aujourd’hui par l’actuel président de la république, ne peut plus être de mise. « Il faut revenir à plus de décentralisation, à redonner du pouvoir à tous les échelons, à continuer à renforcer le rôle des départements, et à s’appuyer sur la richesse de nos 36000 communes», rappelant que « la commune est une petite République dans la grande ». Devant un public acquis à sa cause, il réclamait ainsi « une meilleure prise en compte des réalités locales, des différences régionales, qui ne peuvent se satisfaire de lois et règlements uniques pour tout le territoire ». En citant pour exemple la logique parfois absurde des intercommunalités où, dans un même département du sud de la France, on trouve une métropole, qui fonctionne bien, et une autre intercommunalité qui regroupe 104 communes pour un total de 25000 habitants. Pour cette dernière, « il faut un gymnase pour réunir tous les élus, et, au vu des distances, cela coute cher en frais de déplacements ».

Préserver les particularités locales

Gérard Larcher

Ce même discours demandant un respect des particularités locales, une adaptation des lois aux réalités du terrain, devrait s’appliquer à tous niveaux. Ainsi, alors qu’est revendiquée une réduction du nombre des élus, et une application de la proportionnelle aux élections parlementaires, Gérard Larcher, qui n’est pas foncièrement hostile à cette possibilité, tient à mettre des garde-fous. « Pour moi, il faut garantir au moins un député et un sénateur par département, pour conserver un ancrage local. Et, personnellement, le seuil de 15% de sièges attribués à la proportionnelle est le maximum envisageable. Une proportionnelle intégrale, comme en Italie ou aux Pays-Bas ? Quand je vois ce que cela donne, je dis non ». Ancrage local ? Le député Jean-Pierre Door, pour sa part, aimerait que les travaux de révision de la constitution puissent permettre de revenir sur la loi de non-cumul des mandats. « Il faut redonner la possibilité à un maire de pouvoir être élu député tout en restant maire de sa commune », assénait-il. Ce qui, pour certains observateurs, ne semble pourtant pas être dans l’air du temps, le sentiment anti-cumulards étant encore vif dans l’électorat.

Autre point que Gérard Larcher défend avec force, le bi-camérisme, c’est-à-dire l’existence de deux chambres parlementaires (Assemblée nationale et Sénat) aux fonctionnements et modes d’élection des élus différents, pour assurer une stabilité à la République. N’oublions pas que dans le fonctionnement actuel, en cas d’impossibilité d’exercer du Président de la République, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim. Une possibilité qui n’échappait à personne ce samedi, même si l’existence d’une pétition demandant la destitution d’Emmanuel Macron et son remplacement par Gérard Larcher n’était pas évoquée… au vu du peu de signatures qu’elle rassemble.

En clôture de cette réunion, les élus purent échanger avec le président du Sénat, souvent sur des points de fiscalité ou de fonctionnement administratif méconnus par la population, et pourtant essentiels à la vie quotidienne. Tous en sortirent en gardant en tête que les deux mois de concertation populaire qui s’annoncent, même s’ils n’en seront pas nécessairement les acteurs, influenceront durablement leur façon d’agir dans l’avenir, si les débats portent leurs fruits. « Souvent, la foule trahit le peuple », disait Gérard Larcher. Les semaines à venir seront décisives pour infirmer, ou confirmer, cette remarque.

Jean-Luc Bouland.

*Prix de l’innovation territoriale du Loiret remis à trois communes pour des projets précis. Sur 27 dossiers reçus, ont été récompensés : Amilly (jardin agro-écologique), Préfontaines (Opération argent de poche), Saint-Jean de la Ruelle (Web-radio favorisant le dialogue avec la jeunesse).

Commentaires

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  1. Les regions sont des partenaires indépendants de l état. Les Departements gèrent plus de choses. Ç est la solution pour que les français retrouvent leur fierté et identité, se responsabilisent et deviennent de meilleurs gérants. Ç est la solution pour trouver des réponses adaptées. Ç est la solution dans une époque où le retour aux sources (bio etc.) est prôné, et qui connaît une double révolution dans les secteurs stratégiques que sont l accès à l information (internet, = l imprimerie au moyen âge), et les transports (velo électriques, covoiturage, ouigo, etc…).

    … le RIC enfin plus pour donner enfin l occasion au peuple de pouvoir contester sans casser !

    Moins de deputes, de représentant à Paris, plus de pouvoirs aux regions, aux Departements, aux maires, au peuple !

  2. Décentralisation. Le général de Gaulle avait initié ce mouvement que, pour ma part, j’appelle de mes vœux. Depuis, d’anciens présidents, comme Nicolas Sarkozy, mais surtout François Hollande, puis Emmanuel Macron, ont inversé la tendance. Rappelons-nous que c’est sous François Hollande que se sont amplifiés les regroupements de communes à marche forcée, avec, notamment, les métropoles. Que c’est aussi François Hollande qui, d’un trait de plume, a supprimé les cantons en tant qu’entité territoriale, en les regroupant pour en faire de simples circonscriptions électorales sans aucun souci de géographie humaine. Pensez donc: Artenay dans le nouveau canton de Meung-sur-Loire. Combien d’habitants de Chevilly, ou de Cercottes, par exemple, vont-ils faire leur marché à Meung-sur-Loire ?
    Même incurie en ce qui concerne les régions. Là, on a abandonné toute notion d’histoire, de géographie, de démographie, de culture !
    Tout cela porte un nom, que, curieusement,
    on n’entend guère: la recentralisation !
    Je crois que ces mesures, dictées par des dogmes (je pourrais développer), font partie de ce que dénonce aujourd’hui une partie de la population française au travers du mouvement des Gilets jaunes.
    En politique comme dans le domaine culturel, il serait bon de rétablir une pensée, des pensées. Si possible adogmatiques.

  3. La décentralisation, un vieux rêve sous De Gaulle, repris par Mitterrand, qui devait amener vie et travail dans les régions. Pour cela, des aéroports qui ne voient que 2 avions d’affaire par jour, des gares sans voyageurs, et des tronçons d’autoroute toujours en travaux, laissés à l’abandon. A qui profite le crime ? …

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