Philippe Noyau
Depuis le 15 mars, élu pour six ans Philippe Noyau préside la Chambre régionale d’agriculture du Centre-Val de Loire une assemblée de 54 membres issus de onze collèges et des cinq départements. Présent les 17 et 18 septembre au salon « Tech& Bio » organisé tous les deux ans dans la Drôme, salon professionnel de réputation internationale, axé sur le Bio, il y a tenu des propos rassembleurs dans la droite ligne de ce qu’il a annoncé lors de son élection. Pour lui comme l’a démontré ce salon des transferts de connaissances s’opèrent entre agriculture biologique et conventionnelle.
Des transferts entre les agricultures bio et traditionnelles
Mag’Centre : vous vous êtes déplacé dans la Drôme, au salon « Tech&Bio ». Est-il pour vous un salon incontournable ?
Philippe Noyau : Absolument car il est pour le monde agricole un formidable lieu de rencontres et d’échanges sur l’innovation et les expériences de chacun. Il était très important pour moi de voir ce qui existe, de parler avec tous ceux qui sont en train d’innover. L’agriculture évolue dans un contexte de crise structurelle que subissent de nombreux producteurs. Ma présence à cet événement s’inscrit dans ma volonté affichée dès mon élection que notre chambre d’agriculture s’investisse en permanence avec des conseillers proches des agriculteurs et reste à l’écoute du terrain.
Mag’Centre : les agricultures bio et conventionnelle sont-elles compatibles ?
Philippe Noyau : 100 démonstrations, 120 conférences, des ateliers, des tables rondes ont montré que des transferts s’effectuent entre l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle. L’agriculture conventionnelle est par exemple plus avancée que l’agriculture biologique dans la connaissance des sols. Elle est repassée au non labour. Je vais en donner un exemple personnel vécu sur mon exploitation. Mon frère et moi nous voulions semer de l’orge d’hiver. Nous avions labouré, il a plu et le lendemain notre champ ressemblait à une plage quand la marée s’est retirée, plein de bosses et de trous. Notre labour avait détruit les cabanes des vers de terres, leurs cheminées et toute leur organisation qui maintiennent le sol. Résultat il y avait très peu de place pour l’air et l’eau. Nous sommes passés aux semis directs.
Cette septième édition de « Tech&Bio » a mis en évidence ce vrai désir de rapprochement, de partage de nos expériences. Les producteurs de bio qui ne disposent plus de la pharmacopée traditionnelle se posent aussi des questions. Les uns et les autres nous parlons de la même chose, notre désir de produire sain. Nous cherchons tous à supprimer ou à diminuer les doses de produits chimiques utilisés pour éradiquer les ravageurs des plantes tout en maintenant les rendements de production et la biodiversité de la nature.
Mag’Centre : Les agriculteurs sont malmenés par l’opinion, des problèmes multiples se posent à ce secteur. Comment peut-il s’en sortir ? Comment voyez-vous son avenir ?
Philippe Noyau : Nous sommes dans une période de transition. Pour bâtir notre avenir nous avons besoins d’une charte tripartite, les agriculteurs, l’Etat et les consommateurs. Notre défi est à la fois économique, social et écologique. Nous devons tous en être les acteurs.
Propos recueillis par F.C.
Profil
> Philippe Noyau a fêté ses 54 ans le 15 mai dernier.
> Agriculteur à Nourray dans le Loir-et-Cher, en Gaec avec son épouse et son frère sur 256 ha, il cultive des céréales, des asperges vertes et des noix. Il y a aussi sur la ferme des volailles en vente directe, 50 ruches et des gîtes ruraux.
> Président des JA en 1993-94, Philippe Noyau a présidé la FDSEA du Loir-et-Cher de 2007 à 2012.
> Elu pour la première fois à la chambre d’agriculture il y a 27 ans, il exerçait le mandat de 1er vice-président depuis 9 ans.