Kind au CDN Orléans, une esthétique contemporaine impressionnante pour un rêve de petite fille

Gabriela Carrizo et Franck Chartier, avec leur compagnie Peeping Tom, ont monté ce spectacle inclassable présenté ce mercredi par le CDN d’Orléans. Six danseurs et une chanteuse actrice nous font entrer dans l’imaginaire d’une enfant. En pleine nature, et pourtant en plein rêve. Sans mots, les images se suivent pour explorer ce que cette petite fille a dans la tête, entre peurs, amour et cruauté.

Kind c Oleg Degtiarov

Le décor est plus que réaliste : une forêt, une falaise, des rochers. Entre sur scène une grosse petite fille avec des couettes sur un vélo tout petit. Personnage principal du spectacle, elle va nous emmener dans ses pensées, dans son univers intérieur plein de désirs, d’images, d’aventures et de cruauté. Des gens, ses proches peut-être, parents, frères ou sœurs, viennent y jouer la comédie de la vie. Rapidement, il y a un garçon, chasseur tueur évidemment. Il y a aussi la petite fille qu’elle était avant, il y a la mère, la sienne mais pas forcément, il y a son jouet enfant-poulet qu’elle chérit et violente, il y a la nature, ses animaux et ses catastrophes terrifiantes. Il y a des monstres, il y a des baisers interminables et un ver de terre magnifiquement joué.

Sans narration, mais avec des séquences suivies

L’absence quasi complet de texte (en fait, les rares mots sont anglais et orduriers) empêche le spectateur de se raconter une histoire. A part quelques moments précis (agression sexuelle, catastrophe naturelle), on ne sait pas où on en est. L’objet n’est pas vraiment là. Il est plutôt d’explorer l’imaginaire d’une enfant. Et l’on sait qu’il a, comme celui des fous ou celui des naïfs, rapport avec l’art.

Il faut un certain temps pour admettre le dispositif. Les gestes hystériques de certains danseurs, avec des répétitions, ne facilitent pas l’approche. Hors de toute narration construite, les éléments se déroulent en formant des séquences, des images. Beaucoup sont magnifiques, comme ces ballons lunaires habités par des forces étranges, d’autres font frissonner, ces bêtes araignées qui envahissent la scène par exemple. Assez peu sont franchement émouvantes.

Kind c Olympe Tits

Une bande son magnifique

C’est la bande son qui remplit ce rôle. De Janis Joplin à Wagner en passant par un slow langoureux, du rock basique et du classique mielleux, il est la colonne vertébrale du spectacle, qui permet d’enchaîner les séquences tout en les teintant de leur propre émotion. Des effets sonores colorent certaines séquences, un grondement sourd dans le danger, un ronflement épais dans les moments des moments d’imagination loufoque.

Spectacle de danse, ou plutôt spectacle dansé par des danseurs de haut niveau, et chanté par une chanteuse actrice lyrique magnifique, Kind constitue un étrange moment où tour à tour on est amusé, dérangé, terrifié ou subjugué. Dans ce cadre hyper-réaliste, le surréalisme des actions fonctionne et créée du sens, sans qu’on puisse vraiment le cerner. L’énorme travail impressionne, même si la vacance d’un contenu plus précis agace.

Mais au fond, l’agacement du spectateur ne fait-il pas partie du spectacle lui-même, de sa conception, de ses intentions ?

BC

Kind

4 et 5 décembre
Théâtre d’Orléans

Création et interprétation Eurudike De Beul, Marie Gyselbrecht, Hun‐Mok Jung, Brandon Lagaert, Yi‐chun Liu, Maria Carolina Vieira
Concept et mise en scène Gabriela Carrizo, Franck Chartier
http://cdn-orleans.com/

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