Des lanceurs d’alerte du nucléaire se regroupent à Orléans.

Décidés à informer et à sensibiliser le grand public orléanais, aux dangers du nucléaire en France et dans notre région, des associations qui militent dans ce domaine ont décidé en décembre d’unir leurs force et de créer un collectif. Premières actions, la rédaction d’un livret numérique.

Les militants du collectif Orléanais Saint-Laurent Stop à l’acharnement nucléaire. Photo SD

C’est une petite poignée de militants qui veut faire entendre son opposition au nucléaire dans la capitale régionale. Une spécificité française qui remonte au Général de Gaulle avec un discours officiel qui encore aujourd’hui présente cette énergie comme étant propre, écologique et incontournable. Ainsi, Emmanuel Macron, a réaffirmé en décembre à Bruxelles lors des discussions sur le futur Pacte vert européen : “Le nucléaire fait partie de la transition écologique” ajoutant Le GIEC l’a reconnu : le nucléaire fait partie de la transition”. Une affirmation contestée par les antinucléaires qui au contraire soulignent que le rapport de 2018 de ce groupe d’experts mondiaux du climat rappelle que “le nucléaire est une option marginale et dispensable. 

L’exemple de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux

Pour faire la part du vrai et du faux sur ce sujet sensible sur lequel de nombreuses affirmations circulent ce collectif orléanais a décidé de rédiger un livret (disponible sur internet)  principalement axé sur la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux située dans le Loir-et-Cher mais à seulement 30 km d’Orléans. Un choix dicté par le fait que cette centrale a subi deux accidents importants en 1969 et 1980 (avec à chaque fois la fusion partielle d’un coeur de réacteur ) classés après coup au niveau 4 de l’échelle INES de l’IRSN, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire. Pour rappel, les terribles accidents de Tchernobyl et de Fukushima ont été classés au niveau 7). Des accidents inconnus du grand public et dont le collectif veut raviver la mémoire d’autant que d’autres incidents graves s’y sont produit en 1980, 1987 et 2004.

Par ailleurs souligne le collectif cette centrale pose le problème du démantèlement des réacteurs graphite-gaz arrêtés en 1990 et 1992 avec à la clé 8800 tonnes de déchets classés FA-VL (faible activité à vie longue) stockés sur place à Saint Laurent (voir Mag Centre la centrale ne s’étendra pas sur 116 hectares, mai 2019) mais pour lesquels il n’existe aucun lieu de stockage adapté en France. Pire, selon le livre d’Errant Benezet “Nucléaire, une catastrophe française” (‘Fayard 2018) le démantèlement des deux réacteurs graphite-gaz n’avance plus par manque de savoir-faire (sic) et selon Bernard Laponche, physicien nucléaire, ancien membre du Commissariat à l’énergie atomique, ce démantèlement pourrait durer jusqu’en 2100 !

Des centrales dont EDF veut prolonger la durée de vie

Autre sujet d’inquiétude, la volonté d’EDF et de l’Etat de prolonger la durée de vie des centrales d’où l’annonce fin 2027 par Emmanuel Macron d’un recul de dix ans sur la réduction de 50% du parc nucléaire français de 2025 à 2035. Ainsi les deux réacteurs B1 et B2 de Saint-Laurent mis en service en 1983 et initialement prévus pour 40 ans pourraient être prolongés de 10 ans voire de 20 ans donc jusqu’en 2033 ou 2043. Idem pour les 10 autres réacteurs de la région à Dampierre en Burly, Belleville, et Chinon. Une décision irresponsable selon ce collectif qui rappelle que l’acier des cuves des réacteurs a été conçu pour durer 40 ans. D’ailleurs, l’IRSN avait conclu en 2010 que le risque de rupture brutale n’était pas exclu pour 5 réacteurs en France, dont 3 pour notre seule région Dampierre 4 (risque à partir de 2019), Saint Laurent B1 (risque à partir de 2020) et Chinon B2 (risque à partir de 2021). en

Un accident nucléaire majeur reconnu probable en France

Des risques admis aujourd’hui officiellement. Après Fukushima, le discours des autorités a changé. Ainsi Le 18 janvier 2017, Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) annonçait même : « Si je devais résumer ma pensée aujourd’hui, je dirais que le contexte est préoccupant.» Autrement plus personne n’ose dire à présent qu’un accident nucléaire majeur est impossible en France. Une mise en garde que Bernard Laponche formulait juste après Fukushima juin 2011 dans Télérama en affirmant: “Il y a une forte probabilité d’un accident nucléaire majeur en Europe.”

S’adapter au risque nucléaire sans stress : le programme Ethos

Malgré cette forte probabilité, la promotion du nucléaire continue un peu partout dans le monde. Comme le rapporte le collectif orléanais dans son livret page 32  “après Tchernobyl les autorités nucléaires françaises mais aussi internationales, la banque européenne , l’OMS ( Organisation mondiale de la Santé ) et l’ONU participent au programme Ethos élaboré par force sociologues, psychologues et médecins du bureau d’études Mutadis. 

Un programme appliqué à Fukushima. En effet puisqu’il est impossible et trop cher de déplacer et d’assurer la sécurité des populations touchées, celles-ci sont priées de s’adapter, d’y vivre et de s’y nourrir, oui oui vous avez bien lu. De plus comme le rapporte Yves Lenoir dans son livre la comédie atomique Ethos doit amener les habitants à “considérer la radioactivité comme un  risque  naturel que l’on doit affronter de bon gré (sic) et de façon responsable comme tous les autres”. Toujours plus fort, les psychologues de ce programme estiment que le stress des parents japonais serait responsable de la maladie de leurs enfants.

Enfin, inutile de chercher sur votre police d’assurance une clause “accident nucléaire”. Elle n’existe tout simplement pas, sur aucun contrat.

Sophie Deschamps

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