Affaire Benalla : Saison III, la BD entre en scène

L’affaire Benalla est un feuilleton qui revient régulièrement dans l’actualité par media et livres interposés. Dernièrement ce fut l’abandon par Alexandre Benalla de sa candidature de Saint-Denis et de son rêve d’y accueillir Emmanuel Macron, toujours président de la République pour les jeux olympiques de 2024. Saison I place de la Contrescarpe et au sein de l’Elysée, saison II devant la commission des lois du Sénat, saison III entrée en BD depuis peu chez les libraires.

Alexandre Benalla et Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret.

La BD s’impose

« Benalla et moi », ce titre interpelle d’autant plus que la page de couverture, un dessin, montre Emmanuel Macron avec Alexandre Benalla casqué sur son épaule. Nous voilà prévenus c’est l’histoire d’un tandem qui va nous être conté, d’un tandem improbable. D’un côté un énarque ambitieux qui s’installe presque par surprise au sommet de l’Etat, de l’autre un jeune homme très débrouillard, sorti de la Zup d’Evreux passé par les salles d’arts martiaux où il a gagné une belle carrure. Le second très culotté est parvenu à devenir l’un des plus proches collaborateurs du premier. Il connait tous les potins de l’Elysée, donne des ordres aux fonctionnaires, est craint par l’entourage présidentiel.

Jean Pierre Sueur version BD

On connaît la suite. Enfin pas tous les dessous de cette affaire rocambolesque qui a mis le feu à la République. Ariane Chemin, grand reporter au Monde et François Krug qui collabore régulièrement au Monde et à son magazine M , qui tous deux ont levé le lièvre en 2018, ont choisi la BD pour les raconter : « on s’est dit qu’il faut montrer cela en dessin, traduire des atmosphères, des expressions, des angoisses, de la psychologie », a déclaré Ariane Chemin au micro de RTL. Pour se lancer dans l’aventure ils se sont adjoint Julien Solé auteur de nombreuses BD. Et cela fonctionne d’autant plus que l’époque est aux histoires séquencées, aux phrases qui disent l’essentiel et à l’image qui montrent plus qu’aux mots qui racontent.

Être toujours là au bon moment

Alexandre Benalla, devient à 26 ans adjoint au chef de cabinet du président de la République : il coordonne la sécurité du chef de l’État. Un des personnages de la bande dessinée dit : « Sans Benalla le président de la République n’aurait pas gagné la présidentielle » Ariane Chemin précise, « on me l’a dit et cette phrase m’a suffisamment marquée, surtout qu’elle était dite avec pas mal de mystères, donc je pense qu’on ne sait pas tout de la relation de travail qu’a pu avoir Alexandre Benalla avec Emmanuel Macron. Benalla fait partie de ces gens qui savent être là au bon moment ». 

Ado, Alexandre né en 1999 en Normandie de parents marocains se rêve garde du corps au service d’hommes d’affaires et de grandes fortunes. Tout jeune déjà, il veut faire un stage à l’Élysée et y parvient. Il aime à la fois les gros bras, les films américains et le pouvoir.

Il a souvent été écrit que Alexandre Benalla avait voulu travailler à l’Elysée pour ensuite faire des affaires ; c’est exact. Alexandre Benalla a très tôt admis que le temps politique est court. Aussi veut-il profiter de ce qu’il y participe pour se constituer un carnet d’adresses dans le but de faire des affaires dans le privé et ne se gêne pas pour y parvenir. Comme tous les grands ambitieux, il est totalement désinhibé, il n’a pas de sur-moi, rien ne lui résiste, il veut aller plus loin, toujours plus loin… Or arrive le 1er mai 2018, le coup de trop . L’épisode a tenu en haleine la France entière pendant des semaines, voire quelques mois avec commission d’enquête sénatoriale dont l’un des co-rapporteurs, Jean-Pierre Sueur croqué dans la BD et des répercussions de cette affaire à l’Elysée. Pas moins de huit personnes de l’entourage du président ont été mutés ou sont partis. La reine des paparazzis, Mimi Marchand, une des rares rescapées. Ariane Chemin. Explique toujours au micro de RTL : « Mimi Marchand a été l’une des découvertes de cette affaire (…) Elle a aussi aidé et protégé Alexandre Benalla après avoir menti, puisqu’on s’est rendu compte qu’elle l’hébergeait dans son appartement, alors qu’elle disait le contraire ». 

Une vraie BD élégante et bien rythmée, un dessinateur de talent et des textes réalisées avec talent par deux journalistes bien informés qui ont croisé et recroisé leurs sources lesquelles sont citées à l’intérieur de la quatrième de couverture. C’est très réussi !

Françoise Cariès