Pendant deux jours et pour cinq représentations, une formation de l’Orchestre National de Jazz s’est installée salle Vitez au théatre d’Orléans, pour présenter au jeune public orléanais sa version de Dracula. Ils ont tiré de ce mythe qui joue sur la peur un très beau spectacle plein de musique et de chansons, conte musical qui a fait mouche auprès des petits comme des grands.
©Sylvain Gripoix
Pour ce conte musical construit autour de l’histoire de Dracula, le prince des vampires, une formation musicale issue de l’ONJ et regroupant douze musiciens mène la danse. Mais l’histoire est chantée par deux comédiennes qui en plus ont écrit leurs textes. Et qui chantent bien ! Milena/Mina a des accents de Jeanne Moreau, Estelle/Dracula plutôt des tons de comédie musicale. Et derrière, les musiciens donnent un souffle prenant sur des partitions précises, construites, intelligentes, qui jouent avec les classiques mais vont chercher de belles trouvailles.
La musique adoucit la peur
On reste dans le conte musical pour jeune, et tout est accessible. Le modèle du genre, Pierre et le loup, donnait un rôle à chaque instrument. Ici, c’est plutot sa puissance d’évocation qui est en jeu, sa puissance émotive la plus habituelle : la flûte pour dire les bois et les oiseaux, le saxo pour l’émotion lourde et profonde, le trombone pour la plainte puissante et soudaine, la batterie pour l’affolement et le tonnerre. Et les chanteuses en disposent en les appelant, en les dirigeant, puisque les musiciens, dans l’histoire, ne sont que les valets de Dracula.
C’est musicalement intéressant et le spectacle se regarde bien. L’histoire, un peu tordue, est parfois peu crédible, mais fonctionne auprès des enfants parce qu’au delà de Dracula, elle reprend des fondamentaux des peurs enfantines, comme la mort de la mère ou l’abandon dans les bois. Et derrière l’histoire, ils peuvent découvrir cette musique qui adoucit la peur, mélangeant le jazz, la comédie musicale et le spectacle tout court dans une belle ambiance sympathique et de qualité.
BC
L’Orchestre National de Jazz
C’est le premier gouvernement Mitterrand, et son ministre de la culture Jack Lang, qui a créé l’ONJ en 1985. L’association montée en même temps pour sélectionner et gérer le chef d’orchestre, l’AJON, choisit François Jeanneau comme premier chef. Les durées des contrats ont tendance à se ralonger : 2-3 ans au départ, 3-4 ans maintenant.
Frédéric Maurin, douzième chef d’orchestre de l’ONJ, a été choisi sur un programme précis regroupant deux projets principaux et deux formations différentes. Le premier autour d’Ornette Coleman sur des arrangements de Fred Pallem, Dancing in your Head(s) : La Galaxie Ornette. Le deuxième, Rituels, une création de l’ensemble avec vidéo, pièces de la pianiste Eve Risser, une partie de musique enregistrée par Steve Lehman et l’Ircam7.
Ce nouvel ONJ s’intéresse aussi aux jeunes, avec l’Orchestre des Jeunes de l’ONJ, et deux spectacles à destination de la jeunesse. Dracula est le premier. Le deuxième sera une adaptation pour marionnettes de The Adventures of Greggery Peccary de Frank Zappa.
Toute l’histoire de l’ONJ sur www.onj.org
Orchestre National de Jazz pour Dracula
Spectacle créé en résidence à l’Astrada Marciac
Direction artistique, composition Frédéric Maurin
Conception, composition Grégoire Letouvet
Conception, mise en scène Julie Bertin
Collaboration artistique Yan Tassin
Textes Milena Csergo et Estelle Meyer
Comédiennes Estelle Meyer (Dracula), Milena Csergo (Mina)
Flûte Fanny Ménégoz
Saxophone alto, clarinette Fabien Debellefontaine
Saxophone ténor, clarinette basse Guillaume Christophel
Trompette, bugle Quentin Lourties (en remplacement de Quentin Ghomari)
Cor Mathilde Fèvre
Trombone Christiane Bopp
Guitare électrique Christelle Séry
Contrebasse Raphaël Schwab
Percussions Rafaël Koerner
Scénographie, costumes Louise Douet-Sinenberg
Assistante costumière Gwladys Duthil
Son Ewan Boulay, Guillaume Jay
Lumière Leslie Desvignes
https://www.scenenationaledorleans.fr/