“Corps et Rythme”, une aventure humaine à la Scène Nationale d’Orléans

Contrairement à une idée reçue de notre adjoint à la culture, la Scène Nationale d’Orléans n’est pas qu’un “catalogue de spectacles“, et si elles ne sont pas toujours suffisamment connues du public qui la fréquente, les actions culturelles menées par la Scène Nationale visent à sensibiliser des publics les plus divers à la création et au spectacle vivant. C’est ainsi qu’en 2019, l’équipe d’action culturelle a engagé un travail en direction du public carcéral, dans les conditions particulières que ce milieu impose, dont on peut découvrir le résultat dans une vidéo tournée à la prison de Chateaudun avec les détenus.

A la suite du spectacle “Et tout ce qui est faisable sera fait” réalisé et joué par 50 amateurs volontaires au Théâtre d’Orléans en juin 2019, sous la direction participative des musiciens du Tricollectif et des comédiens de la compagnie Les Veilleurs, spectacle auquel quatre détenus de la centrale de Chateaudun purent assister, la Scène Nationale décida d’élargir cette expérience avec des détenus volontaires.

Salomé Lelait responsable du projet à la Scène Nationale raconte:

SL A l’hiver 2018,  Emmanuelle Mugnier qui travaille pour la Ligue de l’Enseignement 28 dans le Centre de détention de Chateaudun nous a contactés pour établir un partenariat avec une structure culturelle, elle souhaitait faire un projet autour de l’écriture ou de la musique. C’était l’année où la Scène Nationale  montait “Et tout ce qui est faisable sera fait” avec le Tricolllectif et la compagnie des Veilleurs et pour nous ça tombait sous le sens de travailler avec Adrien Chennebault qui nous a mis en relation avec Majnun pour travailler en duo sur des thématiques sur lesquelles il se retrouvaient, ils souhaitaient travailler ensemble et ça correspondait avec ce que l’on avait envie de mettre en place.

MC Quelle était la ligne directrice du projet culturel ?

SL En fait l’idée c’était “comment faire de la musique et comment se réapproprier son corps ?”, établir un lien entre  la détention où le corps est contraint et la percussion qui ne nécessite pas d’instrument pour en faire,  faire de la musique avec son corps en utilisant les objets alentour. C’est finalement assez primitif tout le monde peut en faire et tout le monde peut la ressentir, un bon moyen pour permettre aux détenus de ressentir la musique. A partir de ce constat nous avons un peu développé le projet avec le travail du chant et de la voix. Même en centre de détention on peut ainsi faire de la musique on peut se l’approprier et ce qui était vraiment significatif c’est que d’une journée sur l’autre les détenus ont eux même retravaillé les rythmes qu’ils avaient appris avec Adrien et Majnun et pour le chant c’était la même chose, il retravaillaient même s’il n’étaient pas avec nous.

MC Comment le projet s’est déroulé ?

SL Pour les détenus, ça s’est déroulé sur un mois, mais ça a commencé par une première action avec le projet “Et tout ce qui est faisable sera fait” où quatre détenus sont venus au théâtre d’Orléans pour visiter la salle Touchard et assister à la représentation. Les détenus ont pu rencontrer Majnun. Ensuite le projet avec une douzaine de détenus s’est déroulé du 1° au 5 juillet toutes les après midi avec le vendredi matin pour les répétitions et les finitions et le vendredi après midi pour le concert en présence d’autres détenus et du personnel du centre. Là où on a mesuré que les détenus s’étaient vraiment emparé du projet c’est le vendredi matin qui est normalement consacré pour les détenus à un temps de travail rémunéré, les détenus ont préféré finaliser leur projet sur la base du volontariat.

MC Et le bilan pour les intervenants ?

SL Ça a été une expérience humaine très forte pour les musiciens mais aussi pour moi je dois le dire. Adrien et Majnun avaient déjà fait des concerts en centre de détention mais pas des actions de ce type, et c’est vrai qu’on se pose des questions au delà de l’artistique, sur la réalité pénitentiaire et sur la vie des détenus avant et après.

MC La suite de ce projet ?

SL Si il n’y avait pas eu le confinement on aurait du, autour du spectacle In Extenso qui devait se jouer en mai dernier, refaire un projet similaire sur une semaine et cette fois avec une danseuse et un danseur qui font des danses urbaines mais aussi de la danse contemporaine sur le thème du métissage. Le projet est finalement décalé au mois de février. Ce sera plutôt un projet photo autour de la danse.
Et puis la vidéo réalisée va nous permettre d’avoir un support pour rencontrer la maison d’arrêt de Saran pour continuer ce type d’action avec d’autres lieux de détention et les publics détenus.

Propos recueillis par Gérard Poitou

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