"Le Loup de Wall Street" m'a piqué dix Euros…

DiCaprio

En sortant du cinéma, j’avais vraiment le sentiment de m’être fait avoir avec ce “Loup de Wall Street” qui nous égraine les poncifs les plus éculés sur le monde de la finance et ses courtiers véreux: drogue, sexe et belles bagnoles… Bien sûr, je ne m’attendais pas à trouver dans ce film une analyse un peu intelligente de cet univers et de son fonctionnement délirant qui a conduit l’économie mondiale au désastre dont nous subissons les conséquences aujourd’hui, mais nous proposer cette vision manichéenne d’un golden boy parti de rien et sans scrupule, relève de l’arnaque mystificatrice !

Même si Léonardo DiCaprio nous dit que sa société de courtage “Strafford Ockmont”, “c’est l’Amérique” où tout un chacun peut réussir avec un tant soit peu de conviction mercantile, la bande de joyeux escrocs crétins qu’il dirige (dont le casting n’oublie pas de nous montrer la diversité ethnique, puisque c’est dans la nature humaine…), n’est que l’infime avatar d’un système économique totalement dérégulé. Et bien sûr, les agents incorruptibles du FBI vont se charger de faire régner un peu de moralité (laquelle, à propos ?) dans ce système où tous les coups sont permis, à condition d’avoir de bons avocats, comme si la spéculation financière qui mène l’économie mondiale se résumait à l’honorabilité de ses dirigeants, en oubliant que les dégâts collatéraux de ce libéralisme outrancier ne se limitent pas à la cocaïnomanie des courtiers de Wall Street …

Et ce n’est pas les quelques morceaux de bravoure de Léonardo DiCaprio dans ses harangues délirantes à ses courtiers ou lors de sa rencontre avec les agents du FBI qui sauvent ce film de Scorsese, qui n’est finalement qu’une grande falsification de l’histoire contemporaine…

Gérard Poitou

Réalisation: Martin Scorsese  2 H 59

Avec Léonardo DiCaprio

Commentaires

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  1. Et bien, pour ma part, c’est tout le contraire.

    Je n’y suis pas allé avec l’ambition de me taper un film d’art et d’essai, mais celui de passer 2h50 en charmante compagnie et elles furent bien agréables.

    Le film est rythmé, le style bling-bling assumé (n’oubliez pas qu’il débute dans le métier de courtier en 1987 au pinnacle des années fric), les personnages sont des caricatures parce que nous sommes au cinéma et pas dans la vraie vie, et les acteurs se font manifestement plaisir à jouer tout ce qu’on peut trouver de plus détestable sur cette terre. Enfin la réalisation est exemplaire, pas de temps mort, la photographie est léchée, la musique parfaitement en phase avec l’action et l’effet visuel final est à mon sens obtenu par l’alchimie de tous ces ingrédients.

    Je comprends que vous n’ayez pas aimé car ce film est clivant, mais c’est l’angle du regard porté par le spectateur qui fait l’avis. Soit vous prenez de la distance par rapport au personnage (ce que Scorsese tente de vous pousser à faire dès la scène d’ouverture), soit vous vous projetez dans ce rôle et vous risquez de ne pas trouver de point commun avec lui (enfin, j’espère pour vous…).

    Au final, j’ai vraiment adoré alors que j’y allais avec une certaine appréhension. Et mon épouse à ressenti la même chose, sans malaise tant les scènes et les personnages sont caricaturaux.

    Les coups et les douleurs, ça ne se discute pas… (F. Dard)

  2. Poncifs ? Caricatures ? Falsification de l’histoire ?
    Mais, Leman Brothers et quelques autres scandales aussi retentissants qu’incroyables tant ils supposent une rapacité proche de l’absurde, ce serait du bidon ? On m’aurait trompé ?
    Scorsese ne défend pas un système : il le dénonce. Mais au lieu de nous endormir à coups de vérités moralisantes rabâchées par tous les bien-pensants/non-agissants, genre exception culturelle française, il nous distrait…
    Ach ! le gros mot est lâché !
    Vous, j’en sais rien, mais moi, j’ai bien rigolé -pendant la projection du film- et puis, après, je me sentais un peu écoeuré par ce que je venais de voir : là, j’ai vraiment compris à quel point la financiarisation du système économique (et non seulement sa dérégulation) porte en elle des germes de destruction de la société tout entière. S’il y a caricature, elle est bien dans ce modèle-là, bien réel dans ses excès et dans ses conséquences inouïes de désordre et d’injustices. Elle est surtout dans la cupidité de ceux -bien réels aussi- qui acceptent d’investir leur fonds (modestes ou pas), dans un système qu’ils alimentent volontairement et s’en plaignent lorsqu’ils se font gruger… Et cela n’est pas un poncif de plus : la croissance du CAC 40 est bien de 18% en 2013, non ? C’est pas Scorsese qui l’a inventé ce chiffre-là ! Car pour qu’il fonctionne, ce système-là, il faut bien des investisseurs et pas seulement des milliardaires ! C’est bien que nous montre Scorsese lorsque son “héros” s’attaque aux humbles, aux “petits épargnants”, et que çà marche à fond !
    Quant à Léonardo Di Caprio, chacun est libre de voir dans son jeu une forme de sur-jeu, voire des “morceaux de bravoure”. Il est dans la démesure du film, il la porte, il est bluffant de cynisme, de vice et d’autodestruction. Le pire, c’est qu’il est toujours aussi charismatique et parvient à ne pas nous faire détester ce personnage pourtant si détestable… Ce qu’il incarne, c’est la séduction du démon… Ce qu’il incarne, c’est le mal absolu… L’argent ?
    Ce film-là est majeur, quoiqu’en pensent certains critiques, mais chacun est libre… Comme Eric Libiot dans l’Express, dont je partage totalement l’analyse.

  3. Pour ceux qui n’auraient pas saisi, ce n’est pas une satire ou des clichés éculés, C’EST UNE HISTOIRE VRAIE !!

    Le Yatch de 50m ce charmant personnage a sombré en 1997 non loin de la Sardaigne.

    La raison pour laquelle je n’ai pas voulu aller voir le film c’est que pour moi, imaginer tout ça me révolte tellement que le voir sur grand écran ne serait vraiment pas un plaisir, c’est un coup a sortir furieux de la salle…

    • Eh oui, elle est vraie cette histoire. C’est pour cela que le film de Scorsese n’a rien de caricatural… C’est la loterie financière elle-même et les troubles qu’elle engendre qui font de la vie de ceux qui s’y adonnent une caricature de la vie (on n’en aura jamais fini avec le mythe de Faust…) Où donc y voyez-vous une falsification de l’histoire ? D’abord, il ne s’agit pas d’histoire mais d’actualité et rien n’y est faux, lisez les journaux où chaque édition vous livre son lot de cupidités malfaisantes. Si cela ne vous suffit pas, je vous renvoie à l’excellent ouvrage d’Ignacio RAMONET : “Géopolitique du chaos”. Il a vingt ans et décrit le pire de nos pires cauchemars… qui forment la réalité d’aujourd’hui. Merci à Scorsese de nous rappeler que la folie humaine, loin d’être maîtrisée, relève désormais de la pandémie. N’est-ce pas la chine qui, gagnée par la psychose du profit obsessionnel, nous a inventé un nouveau monstre idéologique : le capitalisme communiste à tendance libérale conquérante quoique planifiée par le comité central ? Même Scorsese n’aurait osé l’inventer… Et vous parlez de caricature ?

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