“Hungry hearts”, l’obsession de la faim

Le film débute par une scène très “hitchcockienne”, notre couple se rencontre enfermé dans les toilettes d’un restaurant chinois (petit plan séquence qui dure six minutes…), où le huis clos d’abord très drôle devient petit à petit pesant, surtout lorsque l’odeur nauséabonde du lieu se traduit visuellement par le nez pincé de la jeune italienne au bord de de la syncope, métaphore prémonitoire de l’impureté obsédante du film, tel le couple d’inséparables acheté par Tippi Hedren en ouverture du film “Les Oiseaux”. 

Hungry hearts

L’idylle amoureuse qui suit cette étrange rencontre, est parsemée d’indices sur la solitude mentale de la future mère (personnage en pleine dérive autodestructrice, incroyablement interprété par Alba Rohrwacher), et dès la grossesse et l’accouchement, sa méfiance obsessionnelle de la médecine révèle sa fragilité psychologique.
Puis vient la volonté de la mère de préserver son enfant de l’extérieur pollué de New York, son refus d’une nourriture impure, sa crainte délirante de la souillure.

Certains y verront une dénonciation du “végétalisme” outrancier, mais je crois que le film traite, au delà de la question alimentaire, l’incroyable bouleversement psychologique de donner la vie pour une mère, de se séparer d’un autre être, de l’accepter comme un autre soi. Bien sûr tout cela est si naturel, mais l’être humain est ainsi fait que le drame psychique peut toujours envahir l’intense émotion de la vie…

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Le film développe alors un huis clos assez terrifiant entre un père désespéré de sauver son enfant dénutri et une mère qui ne peut lâcher prise du corps de l’enfant, un dialogue impossible où les gros plans de visages vont rythmer la montée dramatique.
Et la tentative de sauvetage de la belle mère, caricature du mode de vie américain, n’est à l’évidence pas la bonne réponse aux angoisses mortifères de la mère !

Un beau film, émouvant jusque dans ses imperfections…

Gérard Poitou

“Hungry hearts” un film de Saverio Costanzo 1 h 53
avec Alba Rohrwacher et Adam Driver,
tous deux prix d’interprétation à la Mostra de Venise

Commentaires

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  1. L’un des meilleurs films de ce premier trimestre 2015…AVEC DES TRONCHES. DONT CELLE DE LA MEURTRIERE!

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