Yann Moix est écrivain et un bon écrivain. Il suffit de lire son dernier roman publié chez Grasset « Une simple lettre d’amour »* pour mesurer sa qualité. Face à la création, face à la vie, il est un être libre qui laisse venir sa parole. Il « pense ce qu’il dit » et le revendique. Son verbe est précis même lorsqu’il devient luxuriant. Il déploie un vocabulaire riche, nourri d’une culture abreuvée de littérature, hexagonale, européenne et mondiale. Ce péguiste manie à merveille les techniques hugoliennes, rapprochant des termes qui à priori sont antinomiques mais font merveille ensemble, des couples superbement réussis.
Pourquoi donc, ce champion de l’écriture s’est-il fait réalisateur de film et chroniqueur d’une émission comme « on n’est pas couché » ?
Parce que le siècle est multi-polaire et pour mieux exister. A s’exercer dans des disciplines voisines, à s’ouvrir, à se frotter à d’autres techniques, un talent s’améliore et se fortifie. Il suffit de s’imposer une rigueur et dans ce domaine Yann Moi ne faiblit pas.
Parce que aussi, à l’heure actuelle, à celle d’internet qui accorde une place démesurée à la gratuité, un écrivain peine à vivre de sa plume. Pour aussi bon, aussi percutant que soit un premier roman s’il n’est pas l’œuvre d’un personnage connu il a du mal à trouver son lectorat alors qu’un navet impudique comme « Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler est , et de loin, la meilleure vente de ces dernières années. Donc Yann Moix utilise la télévision pour se faire connaître du grand public. En cela, il est un écrivain de son siècle et dans son siècle.
La télévision n’est-elle pas le meilleur vecteur pour atteindre les familles? Certes « On n’est pas couché » est programmé à une heure tardive mais tout le monde en parle. En donnant la parole à Yann Moix, Laurent Ruquier a amélioré son émission, lui a fait franchir un cran « quinze » selon notre auteur..
Avec Léa Salamé, l’Orléanais forme un duo intelligent et positif. Les invités n’ont plus à craindre la critique pour la critique. Un dialogue s’instaure. L’œil et l’esprit du téléspectateur peuvent s’engouffrer dans de bonnes interrogations. La création est gagnante. Moix choisit ses mots et ressuscite un vocabulaire précis mais imagé devenu rare sur le petit écran. Notre langue y retrouve sa place et sa vigueur, n’en déplaise aux « pétomanes appointés ». Moi persiste et signe.
Françoise Cariès
* « Une simple lettre d’amour » Yann Moix (Grasset)
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