Merci Patron !

Qui dira enfin la pertinence militante et subversives des paroles de la chanson des Charlots qui accompagne le film en attaque et à sa chute? On s’attendait rarement il est vrai à ce que Le Monde et Télérama qui ont adoré le film, y associent la bluette terriblement ringarde, mais satirique et déconnante des Charlots, successeurs des Problèmes au sein desquels sévissait la première version non lunettée du chanteur Antoine.

La bonne conscience de gauche interdisait que l’on critiquât cette “comédie documentaire” ce “film-reportage-militant” assimilable aux meilleurs films de Michaël Moore et Pierre Carles. Il est vrai qu’il est jubilatoire, révélateur des mœurs du grand capital et en particulier des pratiques de Bernard Arnault, le milliardaire qui  tient par les couilles un certain nombre de médias, lesquels ont “oublié” de parler du film à sa sortie. Allez pour autant jusqu’à qualifier ce reportage en caméra cachée d’un journaliste militant, Robin des Bois moderne qui aide la famille Klur à baiser le groupe LVMH, de “chef d’œuvre”, c’est peut-être pousser un peu loin le bouchon de champagne que la famille prolotte jusqu’au bout des nains de jardin, fait sauter en touchant le pactole du marchand de parfum.

François Ruffin, le journaliste de Fakir devenu cinéaste, l’admet lui-même, “cette expérience ne remplace pas les luttes sociales“. Lors du débat qui a suivi la première projection au cinéma les Carmes à Orléans de Merci patron, à la conjonction de la lutte contre la loi El Khomri et de ce brûlot teinté de franche rigolade, il y avait du grain à moudre. Hormis quelques saillies comme celle de ce spectateur qui a conseillé de “réveiller l’humour et de chier dedans un grand coup”, les échanges ont débouché comme il fallait s’y attendre sur des points de vue hilarants sur le sexe des syndicats réformistes, et l’intérêt qu’il y aura le 31 à bloque le pays par un grève générale.

Très bien, mais justement le film narre l’inverse et, à ce titre, sous des dehors de pot de terre qui l’emporte contre le pot de fer dans une joyeuse ambiance de farce, il est d’un pessimisme abouti. Si les seules façons d’enfoncer un coin dans un empire industriel ne procèdent plus aujourd’hui de la lutte des classes mais d’un gentil chantage à la réputation, c’est qu’il n’y a plus grand chose à espérer sur le pouvoir de salariés organisés. Ce n’est pas l’avis de Patrick Communal, le juriste- militant pour qui “l’on surestime le pouvoir des employeurs…Ils sont paralysés de trouille dans le film…C’est une histoire qui donne envie de se battre”. Alors…

Ch.B

  • Le réalisateur François Ruffin sera aux Carmes à Orléans, pour un échange avec les spectateurs le 3 mai 2016. 

L’histoire


merci patron
Pour Jocelyne et Serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes, risquant désormais de perdre sa maison. C’est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte. Il est confiant : il va les sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne soeur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l’assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le coeur de son PDG, Bernard Arnault. Mais ces David frondeurs pourront-ils l’emporter contre un Goliath milliardaire ? Du suspense, de l’émotion, et de la franche rigolade. Nos pieds nickelés picards réussiront-ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l’homme le plus riche de France ?

Merci Patron ! Documentaire de François Ruffin    1H 24 à Orléans et à Tours

https://www.youtube.com/watch?v=MsnrSzWJoJM

Commentaires

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  1. C’est un fusil à un coup,mais ça faisait plaisir à voir. Quant au débat entre les adeptes du grand soir de la révolution via la grève générale après le 31 mars, j’en ai pas retenu grand chose.

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