Les fêtes de Jeanne d’Arc à Orléans ont-elles -déjà- le parfum de la primaire de la droite et du centre? La présence d’Emmanuel Macron sème la zizanie au sein de LR. Le ministre de l’Economie a été invité par Olivier Carré, le député-maire LR d’Orléans. Ce n’était pas un secret, cette initiative d’ouverture d’Olivier Carré ne faisait pas l’unanimité dans son propre camp. Or, cinq parlementaires LR dans un communiqué laconique envoyé ce mardi à la presse ont décidé d’aller plus loin: ils refusent de défiler comme c’est la tradition républicaine dans le cortège johannique.

Emmanuel Macron
“Le choix d’Emmanuel Macron , invité d’honneur à l’occasion des fêtes johanniques, est la compétence exclusive du maire d’Orléans et nous l’admettons. Les parlementaires (LR) Jean-Noël Cardoux, Claude de Ganay, Marianne Dubois, Eric Doligé et Jean-Pierre Door honoreront seulement le défilé des militaires, des forces de police, de gendarmerie et des pompiers. Ils ne défileront pas avec l’invité d’honneur ne cautionnant pas la politique du gouvernement dont il est un des ministres.”

Jean-Pierre Door
Olivier Carré: “une attitude peu républicaine”
Président de la fédération du Loiret de LR, Jean-Pierre Door est le signataire du communiqué. Derrière cette posture contre un membre du gouvernement, ce boycott est surtout un camouflet pour Olivier Carré.

Olivier Carré
Dans la soirée le député-maire d’Orléans a réagi, il parle de “l’attitude peu républicaine que mes collèges parlementaires ont l’intention d’avoir durant les 587 ème fêtes de Jeanne d’Arc, je tiens à les inviter à prendre un peu de hauteur. Ces fêtes n’ont jamais été un soutien ou d’une critique à un gouvernement, de quelque bord qu’il fût. C’est un moment privilégié, où la population unie, nous demande à tous de dépasser les clivages d’un autre âge, et cela bien au-delà des postures politiciennes. C’est aussi ce que nombre de nos compatriotes attendent. Célébrer Jeanne d’Arc, c’est célébrer l’esprit de concorde et l’unité nationale”.
Jeanne met le feu à LR

La Jeanne 2016. @E.B
Après avoir “écartelé” le Front national, Jeanne d’Arc met le feu (si l’on peut dire!) au parti de Nicolas Sarkozy. Olivier Carré, qui en annonçant son choix avait souligné la jeune génération à laquelle appartient Emmanuel Macron dont les postures visent à gommer les clivages, renvoie ses “amis” dans le camp des conservateurs.
Dans l’autre camp, à gauche, Corinne Leveleux-Teixeira, cataloguée frondeuse du PS, avait annoncé d’emblée qu’elle défilerait aux fêtes mais avec l’université pas aux côtés d’Emmanuel Macron. Dans le passé, lorsqu’une ministre de la République, la garde des Sceaux en l’occurrence Rachida Dati (UMP) avait présidé les fêtes, le seul parlementaire du PS
Jean-Pierre Sueur n’avait pas boycotté le défilé. En 1982, Jacques Douffiagues (UDF) qui ne passait pas pour un gauchiste avait invité François Mitterrand comme le voulait la tradition, maintenant bien écornée par Nicolas Sarkozy et François Hollande.

C’était à Montargis, Nicolas Sarkozy avec Marianne Dubois, Jean-Pierre Door, Eric Doligé et Serge Grouard.
On ne peut s’empêcher de remarquer que les cinq parlementaires qui se défilent de leurs obligations sont dans la primaire de la droite des soutiens de Nicolas Sarkozy ou de François Fillon. A l’exception de Serge Grouard, l’ancien maire, lui aussi favorable à l’ancien premier ministre mais qui n’a pas signé. Alors qu’Olivier Carré lui, soutient Bruno Le Maire.
Sans doute un hasard.
Ch.B