Billet de Train
Dans le maquis des rémunérations de la SNCF, on pourrait raisonnablement s’interroger sur la création d’une prime d’enfumage, et en tout état de cause, proposer qu’elle soit attribuée à son directeur, Guillaume Pépy pour ses déclarations à propos des pertes subies par son entreprise suite aux conflits sociaux de ces dernières semaines. Il nous annonce en effet dans la presse un chiffre de 325 à 340 millions d’euros, mêlant à la louche les usagers n’ayant pas pris le train, les subventions aux collectivités à rembourser, le fret perdu et même la “non-quantifiable” dégradation de l’envie de prendre le train.
Le chiffre en fait, avancé par le patron de la SNCF et repris en chœur par les médias bien intentionnés, est l’estimation du chiffre d’affaires, perdu certes, mais tout gestionnaire de bonne foi ne confond pas chiffre d’affaires, marge et bénéfice, sauf à conduire à la perte, son entreprise. De ce chiffre d’affaire perdu, il faut en toute logique comptable déduire les couts économisés par la suppression de certains trains mais aussi les salaires économisés, les péages non versés au réseau et l’électricité, ou encore ces trains totalement surchargés à bord desquels les usagers s’entassèrent, ne pouvant justement différer leur déplacement.
A l’évidence, le calcul comptable des pertes réelles de la SNCF est allégrement plus compliqué que l’enfumage médiatique auquel s’est livré son PDG pour apitoyer le gogo.
On pourrait même considérer, avec une bonne dose de mauvaise foi, que la SNCF étant globalement déficitaire, plus elle réduira son activité, moins elle perdra d’argent, déficit qu’in fine l’entreprise publique prendra de toute façon dans la poche du contribuable.
Gérard Poitou