Adieu, Michel !

Par Gérard Hocmard

Gérard Hocmard

J’ai beaucoup aimé l’interview de Robert Badinter, excellent comme toujours, ce dimanche soir sur France 2. Il répondait aux questions de Laurent Delahousse sur Michel Rocard en termes précis et pesés, et lorsqu’il éludait le jugement auquel cherchait à l’attirer le journaliste — sur Mitterrand par exemple — son jeu de physionomie, le pétillement de son regard, l’élégance du coup de botte en touche étaient en soi la réponse attendue.

Le sujet de l’interview était bien sûr Michel Rocard, qui avait livré un superbe testament politique la semaine précédente, comme si la Faucheuse lui avait juste accordé la minute de grâce avant exécution pour le donner. Pour une fois, l’unanimité de l’hommage n’aura pas suinté l’émotion convenue qui est la loi du genre, il n’y aura pas eu à sécher trop de larmes de crocodile et les regrets résonnent de manière de manière authentique.

Emmanuel Macron avait rappelé le « parler vrai » de Michel Rocard. Robert Badinter a, lui, souligné sa gaîté foncière, éloignée des petites blagues et rayonnante, celle de quelqu’un qui vit et agit avec une jovialité naturelle qui dépasse l’instant et sans chercher uniquement à se concilier les rieurs.

Est-ce une illusion ou bien ce que l’on entend dans le bruit des couronnes de fleurs qui tombent est-il la nostalgie d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, une époque de politiciens d’envergure, voire d’hommes d’état, exigeants envers eux-mêmes et fermes dans leurs convictions, plus attachés au bien commun qu’à la communication, à l’action plutôt qu’à la réélection ? On peut se le demander.

Un bémol par rapport au bulletin de nouvelles lui-même. Il est des morts qui n’ont pas de chance puisqu’un autre leur vole la vedette en mourant le même jour, par exemple Aldous Huxley, du Meilleur des Mondes, disparu le jour que l’on assassinait J.K. Kennedy. Alors quand en plus de cela, ils choisissent des trépas simultanés… Laurent Delahousse a fort justement évoqué la mort d’Élie Wiesel, mais tant pis pour Alvin Toffler, premier lanceur d’alerte sur les conséquences sociologiques du progrès et de la mondialisation avec Le Choc du futur en 1970, et tant pis pour le grand poète français Yves Bonnefoy. Que voulez-vous, on manque de temps quand démarre le Tour de France et que le football attend.

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