
Gérard Hocmard
Par Gérard Hocmard
Est-ce pessimisme invétéré de ma part ? Je trouve que les commentaires lus ces jours-ci ont vite fait d’enterrer Donal Trump.
Il est fou, il est immonde, personne n’a envie de voir à la tête des Etats-Unis quelqu’un qui demande – et apparemment en toute ingénuité ! – à quoi bon avoir des armes atomiques si c’est pour ne pas s’en servir, ou invite les membres de l’association des porteurs d’armes – la National Rifle Association – à se dévouer pour régler le problème de la candidature de son adversaire démocrate. Mais les articles pré-nécrologiques annonçant l’effondrement de sa candidature pourraient bien relever quelque part de l’exorcisme.
Que les cadres républicains soient atterrés, que les gens sensés s’affolent est une chose. Dans le climat de psychose qui touche certains secteurs des Etats-Unis où l’on s‘arme pour résister à une invasion des troupes de l’ONU, où plusieurs millions d’individus sont certains d’avoir été enlevés par des aliens et où prévaut l’opinion d’une omerta généralisée sur les extra-terrestres, il n’est cependant pas sûr qu’une brute épaisse dont la stratégie prétend mettre à jour hypocrisies, faux-semblants et vérités cachées depuis le début du monde ne soit pas entendu. Les deux ou trois électeurs républicains que je connais et ai interrogés, cheveux dressés sur la tête, ne sont pas choqués des propos de « leur » candidat…
Il n’est pas sûr que, dans une ambiance générale – et pas limitée aux Etats-Unis — de défiance à l’égard d’élites jugées coupables d’avoir trop pris les électeurs pour des billes, un parler inattendu et une promesse d’en finir avec les circonlocutions ne fasse pas recette. Jimmy Carter en son temps a, malgré sa nullité en matière de politique étrangère, été élu parce qu’il avait promis à ses compatriotes : « Je ne vous mentirai jamais ».
Dans un « empire du milieu » nouveau style, dont un tiers des habitants ne le situent pas sur un planisphère et vous disent qu’au cours de leur voyage en Europe, ils ont visité « Paris, France » (des fois qu’on confondrait avec Paris, Ohio, 700 habitants) et « Rome, Italy », il n’est pas difficile de faire croire que l’on peut régler les problèmes du monde en deux coups de cuiller à pot, et par exemple ceux du Moyen-Orient compliqué avec des idées simples. Après tout, cela a été l’erreur des Bush senior et junior et d‘un Barak Obama dont la Secrétaire d’État – en d’autres termes le Ministre des Affaires étrangères – a été une certaine Hillary Clinton.
Ce que l’on peut espérer de mieux pour le monde, vu d’ailleurs, est une abstention massive dans les rangs républicains, dans un pays où l’abstention frôle les 50 %. Mais il me paraîtrait présomptueux de vendre trop vite la peau de l’ours. Les urnes – en l’occurrence des machines à voter – réservent toujours des surprises et aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, comme on le sait depuis l’élection de John Kennedy ou celle de Bush fils.
J’espère sincèrement, pour notre bonheur et notre sécurité à tous, me tromper.