“Les Cavaliers”: chevauchée fantastique en terres afghanes

Grâce à la formidable adaptation et mise en scène d’Éric Bouvron et Anne Bourgeois, « Les Cavaliers » – le chef d’œuvre romanesque de l’écrivain Joseph Kessel – revivent sur la scène du CADO jusqu’au 7 octobre. Un théâtre énergique et créatif, qui transporte le spectateur au cœur d’une aventure épique et d’un conflit père-fils pour lesquels on vibre à chaque instant.

C’est une pièce qui se vit et se dévore avec la même intensité que les pages du roman ! L’immersion envoûtante dans les steppes et la culture afghanes est immédiate, et à aucun moment d’ailleurs on ne s’en échappera. Il faut dire que tout y est !

Le décor : la pièce se joue autour d’un tapis persan, trois tabourets, une banquette dans la pénombre et un très haut voile blanc. L’histoire : le jeune et orgueilleux Ouroz doit remporter le Bouzkachi du Roi, plus grand tournoi de cavaliers d’Afghanistan. Mais en se cassant la jambe, il déshonneur père et famille. Commence alors un long retour initiatique en compagnie de son serviteur. Le jeu sublime des comédiens – Benjamin Penamaria, Éric Bouvron et Maïa Guéritte – qui, tout au long de la pièce, vont porter et révéler les travers, les valeurs et les quêtes intérieures de leurs personnages entre honneur, orgueil et dignité. Enfin, la mise en scène : originale et ingénieuse où par exemple un tabouret en bois « enrêné » devient Jehol, le cheval fou d’Ouroz, et où la bande son du spectacle devient beatbox sous l’immense talent de Khalid K, dont la voix en direct se fait tour à tour vent, fouet, cavalcades et souffles des chevaux, mais aussi magnifiques chants afghans et adhan.

Immense succès au Festival OFF d’Avignon (et on comprend allègrement pourquoi !), « Les Cavaliers » d’Éric Bouvron et Anne Bourgeois, c’est plus qu’une pièce : c’est comme si les personnages de Kessel jaillissaient tout d’un coup devant vous des pages du livre !

Estelle Boutheloup

Quand la magie du théâtre nous offre un chef d’œuvre de la littérature… (GP)