La demande avait été déposée auprès des autorités algériennes en juin 2016. Depuis silence radio. Denis Rousseau, actuellement en poste au bureau de Tours, avait été nommé en avril par l’Agence France Presse, directeur du bureau d’Alger. En juin, la demande d’accréditation était déposée à l’ambassade d’Algérie en France qui selon la procédure l’a transmise au ministère de la communication algérien. Toujours pas de nouvelle.

Denis Rousseau.

Denis Rousseau, sur le terrain à Montargis lors d’une visite de Manuel Valls.
Denis Rousseau est loin d’être un journaliste débutant. A 60 ans, agencier reconnu pour sa rigueur et son professionnalisme, il a été, entre autres, directeur du bureau de Strasbourg (Europe), de 92 à 96, de celui de Madrid de 88 à 92 et à Cuba de 1996 à 1999. C’est sans doute là que le bât blesse. Six mois après son retour, Denis Rousseau a sorti un ouvrage intitulé « l’île du docteur Castro » (chez Stock). Un essai politique au vitriol dans lequel l’auteur traitait Cuba de « dictature tropicale ». Dans un autre passage Denis Rousseau écrivait notamment, “le castrisme est devenu un système totalitaire au service d’un but unique : le maintien à la tête de l’État d’un homme et d’une caste bureaucratique et militaire, qui a lié son destin à celui du Lider maximo. Privé des largesses de l’Union soviétique, ses jours semblaient comptés. ».
A la rédaction de l’AFP, les journalistes ne s’étaient pas bousculés pour postuler en Algérie. Denis Rousseau au contraire y voyait une nouvelle aventure professionnelle riche de promesses dans un pays clé du Maghreb.
Un livre à son retour…?
Cuba et l’Algérie entretiennent plutôt de bonnes relations. Est-ce la raison pour laquelle Alger ne veut pas d’un journaliste comme Denis Rousseau à la tête d’un bureau sensible comme celui de l’AFP, l’agence de l’ancienne puissance coloniale ? Alger a t-elle craint qu’à son retour comme il l’avait fait après Cuba, Denis Rousseau écrive un livre sur l’Algérie et son régime ? D’autant que Cuba et Alger traînent tous les deux un dirigeant à l’agonie, Fidel Castro qui a laissé sa place à son frère Raoul et Bouteflika qui dirige toujours officiellement le pays.
Denis Rousseau, quoi qu’il en soit, se dit « déçu » de ce refus déguisé de l’Algérie qui n’a jamais répondu à la demande d’accréditation. Le directeur de de l’AFP en place à Alger a du prolonger son séjour alors qu’il était prévu qu’il revienne au « desk » à Paris. Pour remplacer Amer Ouali, l’AFP va nommer sur place un « envoyé spécial » pour une durée d’un an, qui fera office de directeur.
Récemment lors de la visite de Manuel Valls à Alger, le gouvernement algérien avait refusé d’accréditer deux journalistes français, l’un du Monde, l’autre de Canal+, ce qui avait entraîné la défection sur ce voyage de leurs confrères de Libération et du Figaro. Manuel Valls avait alors exprimé son « profond regret ». Le gouvernement français va-t-il protester contre la position de l’Algérie vis-à-vis de l’AFP? Si le Quai d’Orsay a exprimé des regrets diplomatiques, ceux-ci sont restés discrets et rien n’a filtré pour l’instant sur ce camouflet infligé à la France.
Christian Bidault
Originally posted 2016-10-19 11:06:32. Republished by Blog Post Promoter