Il n’est pas incongru de dire qu’en disparaissant Géraldi Leroy vient de faire pour la première fois de la peine à ses amis. L’homme était aimable, ouvert et attentif aux autres sous un premier abord souriant mais réservé qui pouvait déconcerter mais n’était que pudeur et sans doute timidité.
Par Gérard Hocmard
L’universitaire était d’une trempe peu commune et remarquable de rigueur intellectuelle. Il avait consacré sa thèse et l’essentiel de ses recherches à l’œuvre de Charles Péguy, qu’il a puissamment contribué à faire redécouvrir en la dégageant des gangues diverses sous laquelle ont tenté de l’enfouir des penseurs politiques en mal de récupération, à gauche comme à droite. Mais par extension, Géraldi Leroy s’était intéressé à la vie intellectuelle et culturelle de cette « Belle Époque » que vint clore la Grande Guerre dont le lieutenant Péguy fut un des premiers morts.
J’avais considéré comme un honneur de le faire entrer à l’Académie d’Orléans dans la section des Belles-Lettres et Arts. Il y avait contribué par l’érudition et la force de ses communications et interventions au succès de plusieurs « Printemps de l’Académie » et de la célébration du bicentenaire de la refondation de la compagnie en 2009.
Ce qui mérite d’être souligné en un temps où l’Éducation nationale semble s’être résignée au déterminisme social et où les occupations ludiques évincent à tout niveau dans les horaires l’acquisition cohérente de bases solides dans les matières fondamentales, c’est que Géraldi Leroy, tout comme Péguy –est-ce une coïncidence ? – était un pur produit de la méritocratie telle que la promouvait un ministère conscient de ses devoirs. Issu d’un milieu modeste, il avait pu entrer à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud et se retrouver Professeur d‘Université au terme d’un parcours scolaire balisé par des exigences de travail et d’effort. Il n’est pas sûr du tout qu’il le pourrait encore aujourd’hui.
Adieu Géraldi. Tu vas nous manquer.