« Il faut beaucoup aimer les hommes », oui mais…

Si vous pensiez y glaner quelques conseils, c’est raté. Ce spectacle n’en donne pas. Bien sûr que non ! Adapté du roman de Marie Darrieussecq, Il faut beaucoup aimer les hommes, (titre emprunté à une citation de Margurite Duras*) dont se jouait hier la dernière au CDN d’Orléans/Loiret/Centre, est un spectacle conçu et écrit par le collectif Das Plateau. Le pitch ? Dans le quartier chic de Bel Air à Hollywood, une actrice blanche, Solange, s’éprend passionnément de Kouhouesso, acteur noir et ambitieux. Elle ne voit que lui, lui ne voit que l’Afrique où il souhaite adapter et tourner pour le cinéma le roman de Joseph Conrad “Au cœur des Ténèbres”.

Monter un roman sur scène est une vraie gageure : ce qui fonctionne et s’articule à l’écrit ou au cinéma n’est pas toujours transposable sur scène, d’autant qu’il faut capter ceux qui ne connaissent pas l’œuvre. Ici, en mélangeant (pourquoi pas !) théâtre, narration, document sonore, bande son et vidéo, le spectacle se construit autour de (trop ?) nombreuses thématiques : coup de foudre et clichés sur l’amour, mixité du couple, l’ambition d’un acteur noir, le milieu du cinéma hollywoodien, l’histoire de l’Afrique, le regard de la femme blanche et de l’homme noir sur cette même Afrique…

Au final, une mise en scène, certes intéressante, mais qui place le spectateur au cœur d’un riche kaléidoscope dont on regrette que les facettes soient explorées de façon assez superficielle finalement, débouchant parfois sur des longueurs, limites soporifiques, et des dialogues relativement mous.

Et c’est dommage car l’intention créative est vraiment bonne.

E.B.

*« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. »
— Marguerite Duras