A 20h30, le président de la Haute Autorité annonçait : Benoît Hamon 58,65%, Manuel Valls 41,35%. Dans certains bureaux comme à l’Argonne à Orléans, Benoît Hamon l’a même emporté avec 69%. A son QG, à la Mutualité, où s’étaient rassemblés beaucoup de jeunes la liesse explosait. A la maison de l’Amérique latine, au QG de Manuel Valls, la déception s’inscrivait sur tous les visages. Rue de Solférino, au siège du parti socialiste, pas d’explosion de joie : ce n’était pas la victoire que la direction avait souhaité en organisant cette primaire.
A l’heure des résultats l’issue proclamée n’était plus une surprise.Dès midi il avait été évident que la participation à la primaire de la Belle Alliance était en hausse de plus de 20% . A qui cette progression allait-elle profiter ? , s’interrogeait-on encore au siège, un lueur d’espoir dans la voix. « A 17h sur 75% des bureaux , on dénombrait 1 306 852 » annonçait Christophe Borgel, responsable de l’organisation de la primaire. Puis il avait fallu tromper l’attente.La finale mondiale de hand-ball qu’un grand écran retransmettait dans la cour fut la bien venue, apporta de la bonne humeur et même, quand un but était marqué par les Français, un enthousiasme chauvin tandis que les rumeurs et les hypothèses sur les chiffres à venir allaient bon train.
Petit à petit, des élus venaient aux nouvelles. La primaire était terminée , la présidentielle commençait . Tous espéraient ou voulaient faire croire que les frères ennemis et leurs soutiens allaient avoir la volonté de se rassembler et de présenter un front uni de la gauche face à la droite et à l’extrême droite, que les deux gauches n’allaient plus en faire qu’une. « Il faut créer le plus grand rassemblement possible autour de la candidature de Benoît Hamon. C’est ce qui s’est passé en 2011 », déclarait François Lamy, proche de Martine Aubry qui a appelé à voter Hamon au second tour. « Oui mais en 2011 Martine Aubry avait appelé à voter Hollande au second tour », répliquait dans son dos un militant.
Construire une majorité gouvernementale
Sans perdre de temps, depuis son QG, Manuel Valls reconnaissait dignement sa défaite et adressait ses félicitations à son heureux rival. Il réitérait “sa loyauté , son respect des engagements pris” et lançait “la belle mission du rassemblement”.
Peu après Benoît Hamon prenait à son tour la parole. Grandiloquent comme l’avait été François Fillon devant les siens à la Villette dans l’après-midi, il lançait à ceux qui venaient d’assurer son triomphe, « vous êtes le cœur vaillant et battant de la France » ..… « Je veux rassembler tous les socialistes parce que c’est ma famille ».… « Dès lundi cette primaire, je proposerai à tous les candidats et à tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et l’écologie politique, en particulier Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de ne penser qu’à l’intérêt des Français au de-là de nos personnes » Il terminait en saluant la jeunesse et ses aspirations, “chaque génération est un peuple nouveau », a-t-il dit.
Arrivés séparément rue de Solférino, après avoir passé une dizaine de minutes dans le bureau de Jean-Christophe Cambadélis, aux environs de 22 heures les deux frères ennemis, en apparence réconciliés, le premier secrétaire du PS entre eux, ont échangé une rapide poignée de main sur le perron de la cour à l’endroit même où François Hollande et Ségolène Royal avait échangé la leur en 2011, avant de s’éclipser aussi vite qu’ils étaient apparus.
Françoise Cariès