L’âme et la flamme du violoncelle à Orléans

A la vue comme à l’ouïe de  sa discographie,  Victor Julien-Laferrière a  toute sa place dans le programme  “Aimez-vous Brahms et ses amis” que propose l’Orchestre Symphonique d’Orléans dirigé par  Marius Stieghorst. En effet, c’est à  ce brillant  jeune violoncelliste que l’on doit, au disque,  le Trio  de Brahms avec le clarinettiste Raphaël Sévère et le pianiste Adam Laloum (Mirare 2015), ainsi que les Sonates de Brahms , Franck et Debussy avec le même Adam Laloum (Mirare 2016).

Jean-Renaud Lhotte / Victor Julien-Laferrière

Cela étant, Victor Julien-Laferrière interprétera, ce week-end,  le  Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, pièce de Schumann dont le compositeur allemand fut le mentor. Place à trois mouvements tenus d’un même souffle émouvant, celui de l’âme d’un très beau son.

A propos de Brahms, juste avant la répétition générale de ce vendredi soir, Victor Julien-Laferrière nous confie qu’il est le compositeur qu’il a le plus côtoyé en musique de chambre. Pourquoi cette passion ? “Il est toujours très difficile de mettre des mots sur tout cela, on parle particulièrement mal de ce qu’on aime” poursuit-il.

Pourquoi ce désir de jouer Schumann ? “Ce qui est intéressant avec lui, c’est le rapport qu’il entretient avec l’instrument, la faramineuse compréhension qu’il en a. Pour les violoncellistes cette œuvre est une des plus difficiles à jouer, avec un chant continu, toutes sortes de rupture, une mélodie, des caractères différents… “.

Dans le mouvement lent, le violoncelle solo de cette série, Jean-Renaud Lhotte, professeur de musique de chambre au conservatoire d’Orléans,  dialogue à merveille avec le soliste. De cette partition, il parle lui aussi avec enthousiasme: ” Ce mouvement lent, c’est vraiment de l’amour, celui de deux êtres intimement enlacés, c’est la dernière grande déclaration de Schumann à Clara”.

Ravi de de se produire pour la première fois avec les musiciens de l’Orchestre d’Orléans et sous la direction de Marius Stieghorst, directeur artistique et chef  avec lequel il a déjà participé à un programme Mahler, Victor Julien-Laferrière, joue sur un  bel instrument, anonyme de 1720, italien probablement de l’école de Milan. Son archet est un Gillet.

Comment se trouve-t-on,, juste avant le concert? La réponse tombe, souriante et déjà pleine d’appétit: “Je serai assez tendu et rechercherai sans doute cet état d’adrénaline à mettre dans les bonnes cases”.

Jean-Dominique Burtin