Nuit de tempête en mer du Nord. Le voyage au bout de la peur auquel nous invite Bernard Minier commence. Bernard Minier c’est un de ces auteurs qui ne doit pas sa réputation à des campagnes promotionnelles mais aux seules histoires qu’il raconte. Il a son lectorat et le bouche à oreilles laudatif fait qu’il vend en moyenne 450 000 exemplaires de chacun de ses ouvrages. Traduit en 19 langues il est un de ces auteurs français qui font notre renommée littéraire.
Né à Béziers, élevé dans le Sud-Ouest pour lequel il éprouve une tendresse particulière au point d’y situer une bonne partie de ses intrigues. Bernard Minier est un modeste qui s’étonne encore de tant de succès. « Cela ne change pas ma façon d’écrire, ni le choix des sujets que j’aborde », dit-il.
En 2011, il publie « Glacé » dont le héros est Martin Servaz, un policier de Toulousain, humain et lettré. Au cœur de l’hiver, il est confronté à une série de crimes aussi épouvantables qu’incompréhensibles dans les Pyrénées. « Glacé » vient d’être adapté sur M6 et s’est taillé un beau succès. Quelques semaines après la fin de cette diffusion Nimier remet son flic préféré en piste.
La peur comme fil rouge
« Nuit » démarre sur une plate-forme pétrolière à partir de laquelle Kirsten une fliquette flippante norvegienne est propulsée à Toulouse où elle rejoint Martin Servaz. Ensemble, ils vont mettre dans leur viseur, Julian Hirtmann, le tueur en série suisse déjà rencontré dans « Glacé » et dans les romans suivants.
La peur est déjà là . Elle est entrée dans l’atmosphère en même temps que l’histoire et Minier la manipule avec le talent qui le classe parmi les grands auteurs de thriller. « J’aime travailler sur ce sentiment. Mais elle est un moyen pas une fin. J’aime l’idée que c’est dans l’adversité qu’on voit de quel bois les gens sont faits », dit-il.
« Je n’en avais pas fini avec Servaz », reconnaît-il. « Il a changé ma vie d’auteur. Je lui dois beaucoup. Je l’aime énormément. Il n ‘a jamais eu à affronter autant de coups du sort et à relever autant de défis. Il y a des jours où ils m’insupporte et d’autres où je me demande d’où il sort. De ma tête ? Vraiment ? Ou est-ce qu’il existe quelque part ? », s’ interroge son créateur.
Servaz se retrouve face-à-face avec son ennemi de toujours, Julian Hirtmann. Ils sont enchaînés l’un à l’autre, c’est Caïn et Abel. Ils s’opposent dans un duel au long cours comme dans un western et génèrent une forte tension autour d’un enfant, Gustav. Qui est-il cet enfant ? Qui en est le père ? Servaz et Kirsten cherchent la vérité avec chacun sa motivation. .Pour soutenir l’intensité de la quête, Nimier sollicite tous les sens du lecteur. Il orchestre la pluie, les chocs métalliques, des lumières aveuglantes,le froid, la fatigue dans une fantastique symphonie. La peur comme moteur avec, au volant, un as du thriller.
F.C.
« Nuit » Bernard Minier
Editions XO, 528 pages, 21,90 euros