Ce procédé est de plus en plus courant dans le monde du cinéma et depuis peu dans celui du 9e art. José Luis Munuera, scénariste et dessinateur, a déjà plongé sa plume dans cet univers en reprenant au côtés de Jean- David Morvan au début du XXIe siècle. Près de 10 ans plus tard, il retrouve l’un des personnages marquants imaginés par Franquin et Greg, Zorglub. Il lui consacre une série et vient à cette occasion à Orléans pour présenter le premier tome, La fille du Z.

Zandra, 16 ans, sort d’une séance de cinéma avec son petit ami, André. Alors que les deux tourtereaux tentent de s’embrasser, une voix colérique les stoppe et des zorgbots enlèvent Zandra pour la ramener chez son père, Zorglub. C’est « la fille d’une caricature de méchant d’un film de James Bond » et ce n’est pas facile tous les jours surtout au milieu d’une histoire d’amour, de destructions par rayon laser et d’une poursuite par l’armée.
Critique
Une idée assez répandue assène qu’un bon méchant fait une bonne histoire. Cette nouvelle série étant construite autour d’un méchant aussi marquant que Zorglub ne pouvait être que réussi. Ce premier tome démontre toute l’habileté de José Luis Munuera. On retrouve dans cette histoire toutes ses qualités qui avaient déjà marqué sa reprise de Spirou et Fantasio. Il arrive à manier très habilement les mots et les corps. Les répliques sont cinglantes et chaque scène donne lieu à de très bonnes idées de comédie.
La première page dénonce le procédé facile d’exploiter le succès du passé sans oser l’originalité. Dès le début, Munuera se moque ouvertement de son entreprise tout en prouvant par la suite l’intérêt d’une telle démarche. Il a ainsi peaufiné les personnages qui entourent Zorglub : mention spéciale pour Frédorg, le domestique robotique, André le soupirant éperdu sans oublier Zandra, jeune fille déterminée et consciente. Munuera parvient à trouver un équilibre intéressant entre l’innocence et le caractère. Ce n’est pas une caricature d’adolescente ni une personnage hors norme.
Visuellement, cette BD maintient l’équilibre entre humour et action. Le burlesque et le comique sont présents dans chaque physique et la souplesse déployée permet de soutenir le rythme de l’action. Et de l’action il y en a ! Les décors sont très réussis, tant dans ce réalisme que Zorglub détruit (parfois malgré lui) que dans l’antre du méchant,univers impressionnant et écrasant à l’image de l’égo de Zorglub.
Cette histoire prend la dimension d’une véritable aventure sans jamais oublier les protagonistes.
Au-delà de ces éléments, la question de filiation est ici abordée avec énormément de distance, bousculant toutes les barrières religieuses ou sociales. Munuera parvient à créer un univers propre à Zorglub avec des bases solides et loin des références de Spirou et Fantasio.
JL
La fille du Z,
tome 1 de Zorglub, série écrite et dessinée par José Luis Munuera,
Ed. Dupuis, 10,95 €. 64 pages.
Rencontre avec José Luis Munuera
Jeudi 8 juin de 15h à 19h30
Legend BD, 39 place du Chatelet, 45000 ORLEANS