Dans un célèbre conte, Alphonse Allais, qui avait lui-même quelques propositions à faire en matière de programme électoral, avait jadis soulevé une question quasi métaphysique qui avait empêché nombre de Français de fermer l’œil. Elle était de savoir si, lorsqu’on portait la barbe, celle-ci devait se retrouver au-dessus ou au-dessous du drap.
Par Gérard Hocmard
Or il y avait en ce temps-là beaucoup de barbus, non pas porteurs de colliers soigneusement taillés ou des pousses de trois jours savamment non-rasées comme aujourd’hui, mais de barbes de patriarche, fleuries à souhait comme celle que l’on prêtait à un Charlemagne qui n’en demandait pas tant. D’où l’importance du problème posé.
C’est un peu une question du même genre qui me taraude ces jours-ci, et plusieurs amis avec moi, en marge des élections. Il y a un Parti du vote blanc qui présente des candidats dans un certain nombre de circonscriptions. Son objectif en soi est honorable, puisqu’il offre après tout aux électeurs indécis ou à ceux qui rejettent les choix proposés une solution civiquement préférable à une abstention qui dérègle la démocratie.
Mais qui dit parti dit organisation, structure, élection de son président et de ses cadres dirigeants. Qui les aura choisis et surtout par quel procédé si, fidèles à leurs convictions, les membres du parti ont déposé des bulletins blancs ? À supposer réglée cette question interne, sur quels électeurs compter aux législatives si ceux-ci doivent exprimer un vote blanc ? Le mystère reste entier et ne peut que générer l’angoisse.