Je ne voudrais surtout pas jouer les rabat-joie et suis heureux que la France ait décroché l’organisation des Jeux Olympiques 2024. Il était grand temps, un siècle après, que le pays où a été imaginée leur résurrection soit remis à l’honneur. Seulement…
Par Gérard Hocmard
Seulement, je suis toujours un peu méfiant des peaux d’ours que l‘on vend trop tôt ou des plans tirés sur la comète et ce que l’on entend depuis deux jours n’est pas fait pour vraiment rassurer. Si j’ai bien compris, cela ne va pas coûter cher mais va rapporter gros. Le Loto, en somme ! C’est comme si, grâce aux Jeux, la crise du logement et celle du chômage dans le 9-3 étaient déjà résolues, avec pour corollaire l’insertion pour tous et la fin de l’insécurité, comme si le problème des transports en Île-de-France avait disparu et qu’Anne Hidalgo allait pouvoir encore mieux se consacrer au bonheur des automobilistes. Quant aux médailles, elles tombent comme à Gravelotte et leur décompte ne cesse d’augmenter… Gare à la retombée du soufflé !
Le lendemain de l’attribution des J.O. à Londres pour leur édition 2012, le facétieux caricaturiste britannique Matt avait publié en première page du Telegraph un dessin qui montrait deux touristes anglais interloqués sur fond de Tour Eiffel empanachée de feux d’artifice. L’un demandait à l’autre : « Mais enfin, qu’est-ce qu’ils fêtent ? », ce à quoi son interlocuteur répondait : « L’attribution des Jeux à Londres ». L’idée était bien sûr d’attirer l’attention sur le coût de l’opération, qui allait effectivement exploser et battre tous les records lors de cette édition.
Alors je me pose la question : a-t-on bien pris en compte tous les paramètres dans le calcul du prix de revient annoncé et l’euphorie affichée n’est-elle pas quelque part un moyen de distraire l’opinion publique des soucis que lui inspirent la situation européenne, les phénomènes migratoires ou les joyeux duettistes Trump et Kim-Jung-Un ? Il y a des postes budgétaires qui semblent singulièrement absents de tout ce que l’on a pu lire sur le sujet : celui du coût de la sécurité des lieux et des personnes, celui des frais de lobbying…
En tout cas, maintenant que c’est lancé et que nous avons montré notre savoir-faire pour l‘obtention de la timbale, tous les espoirs sont permis pour le prochain Concours de l’Eurovision.