C’était le titre d’une pièce québécoise à succès du tout début des années 1970, qui entendait établir un parallèle entre le sort de la sainte et celui du Québec assassiné à petit feu par le Canada. Il m’est revenu à l’esprit en apprenant, éberlué, le scandale que constitue pour certains le fait que la candidate retenue pour incarner la Jeanne 2018 soit d’origine béninoise.
Par Gérard Hocmard
Et alors ? La jeune fille satisfait a priori à tous les critères de sélection. Où donc est le problème ? Faudrait-il, pour satisfaire les grincheux, inclure parmi les conditions requises pour candidater celle d’être blonde aux yeux bleus (sait-on seulement la couleur de ceux de Jeanne ?), d’être issue de Lorraine (pourtant duché extérieur au royaume de France à l’époque), d’avoir un CAP de bergère et le don de transmission de pensée ?
Parce qu’il s’agit quand même – ne l’oublions pas – d’une incarnation symbolique, d’une commémoration spirituelle, de l’accomplissement annuel du vœu perpétuel de la ville prononcé à la levée du siège de 1429, pas de théâtre. La population de la ville change, en effet. Est-ce une raison pour renoncer à en rassembler les habitants dans un même geste collectif ?
Et quand bien même il s‘agirait d’une simple représentation ? Après tout nul n’est obligé d’être touché par la dimension spirituelle que confère au défilé le fait qu’il s’agisse d’un rite, et perpétuel qui plus est. Interdira-t-on de chanter Madame Butterfly à une cantatrice qui ne serait pas japonaise ? Jessye Norman, qui n’a rien d’une cousette montmartroise, n’a-t-elle pas superbement incarné Mimi dans La Bohème ?
Je me suis demandé si le tollé serait plus grand au cas où, sous l’injonction d’un Secrétariat à l’Égalité entre femmes et hommes conscient de sa mission, on décidait d’autoriser les garçons à candidater une année sur deux, en ressuscitant la pratique du « Puceau d’Orléans » des débuts de la Restauration. Pire encore : ne risquerait-on pas d’avoir à déclarer l’état de siège en ville si on sélectionnait une jeune Anglaise catholique domiciliée à Orléans depuis 10 ans ?
Vade retro, Satana !
Gérard Hocmard.