Journal Concours OCI # 7
Mercredi, au terme de la passionnante journée de la Finale Récital du Concours international de piano d’Orléans, lors de laquelle sept concurrents sélectionnés se sont présentés avec l’art et la manière, le jury a désigné les trois candidats qui se disputeront le grand Prix Blanche Selva lors de la finale du 18 mars au Théâtre d’Orléans. Ce sont, par ordre de passage : Maroussia Gentet (France), Hyeonjun Jo (Corée du Sud), Miharu Ogura (Japon). A l’occasion de cette proclamation, Isabella Vasilotta, directrice artistique, a tenu à saluer l’action des bénévoles de l’association et à rendre un hommage ému à Françoise Thinat, fondatrice du concours très applaudie par la salle et les jurés.

Maroussia Gentet (France), Hyeonjun Jo (Corée du Sud), Miharu Ogura (Japon). JDB
Côté scène et coulisse
Ce mercredi, où s’est aussi déroulée à l’Institut une conférence animée par François-Xavier Szymczak sur le thème “Blanche Selva et le piano moderne”, les sept candidats en lice, dont Kirill Zvegintsov (Ukraine), on fait assaut d’une virtuosité sans faille. Place ici , cependant, sous les doigts d’une magnifique pianiste, Maroussia Gentet, aux notes de verre éparpillées telles des giboulées de billes multicolores et stellaires. Place aussi aux fascinantes onomatopées des doigts, à l’ensorcelant et doux ballet de bras et de mains, éloquentes arabesques au cœur du silence pétrifié d’une salle conquise.

Maroussia Gentet.JDB.
A n’en pas douter cette artiste est une conteuse inspirée avec un toucher de son faisant naître une des plus belles émotions du rendez-vous musical. Dès hier soir le MDI ensemble est arrivé à Orléans pour commencer d’aborder jusqu’à dimanche, avec les candidats, l’œuvre de Donatoni, “Arpège”, pièce imposée en finale. Le compositeur Hector Parra devrait aussi rencontrer les concurrents pour l’interprétation de son œuvre, elle aussi imposée, “Au cœur de l’oblique”, commande du concours. Pour la petite histoire, les deux pianos Steinway du conservatoire sur lesquels jouent les candidats depuis les éliminatoires, passent la main. Le Concours a, en effet , décidé, pour la finale au Théâtre , de louer un Steinway D à la société parisienne “Régie Piano”. Pierre Fenouillat, technicien accordeur du Concours: “Cet instrument, plus récent, possède une belle projection sonore qui conviendra à une salle assez sourde, il se montre aussi polyvalent pour différents répertoires”.
“Respect de l’étrange et de la différence”

Eric Denut, président d’Orléans Concours International. JDB.
Ce mercredi, Eric Denut, président du concours dont il fut l’administrateur délégué de 2006 à 2009, personnalité nommée en 2013 délégué à la musique au sein de la direction générale de la création artistique et qui, est depuis 2016, est délégué général de l’Orchestre National de France, assiste ce mercredi aux épreuves et réaffirme que le concours a une mission essentielle, à savoir celle de la révélation et de l’accompagnement de jeunes talents.
Reste que Eric Denut entend aussi veiller au “lien social”. Pour lui, il importe ainsi qu’OCI demeure une association dévouée dont les familles d’accueil des candidats sont “les ambassadeurs d’un esprit d’ouverture que l’on retrouve à Orléans, terre de tolérance et terre démocratique homogène”. Se félicitant qu’Isabella Vasilotta , jeune directrice artistique italienne, compte parmi les grands opérateurs que sont entre autres les directrices du Centre dramatique national, du Centre chorégraphique,des Musées d’Orléans, Eric Denut entend renforcer les liens avec la population par une présence forte , à savoir celle du grand concours, celle du concours Brin d’herbe et celle des Matinées du piano.
Par ailleurs, et peut-être et surtout, Eric Denut tient aussi à “sensibiliser les quartiers à l’art du concours” , à faire fructifier le travail accompli, en renforçant patiemment les liens avec l’éducation nationale, les lieux de transmission, les écoles de musique , les catégories professionnels, l’ensemble des publics scolarisés, empêchés et contraints.
“La culture ne peut plus être apolitique, nous devons être un facteur de démocratie , demeurer attentif à ce que cette politique de création sur un medium que chacun connaît, le piano, puisse s’accompagner de propositions de clés de compréhension ” poursuit-il.
Et Eric Denut d’ajouter: “Notre concours, chantier que nous devons faire fructifier, contribue au rayonnement de la ville, invite à la tolérance, au respect de l’étrange et de la différence. En aucun cas on ne peut se permettre de gaspiller cet engagement et ces valeurs. Sous la direction d’Isabella Vasilotta , nous nous efforçons aussi de maintenir le positionnement d’excellence en terme d’innovation , d’audace et de proximité avec l’expérience de la vie de chacun. En définitive, ce concours est celui de toute la métropole et de ses citoyens. Il parle un langage universel qui n’est pas toujours aisé à comprendre et qui demande du labeur.
Dans cette métropole d’équilibre où l’Orchestre d’Orléans dirigé par Marius Sttieghorst est aussi un acteur important, le Concours est un étendard à l’international. Il est rebelle et effronté, plein d’audace et de toupet, culotté , une figure porteuse de lien et d’universalité.”.
Prise de parole et prise de son
Au terme de cette première et longue période de concours, deux coups de chapeau sont à donner. Le premier à Maxime Larouy, brillant appariteur du concours. Ce comédien qui a débuté son apprentissage au Théâtre de la Tête Noire (Saran) avant d’obtenir son Prix dans la classe de théâtre du conservatoire d’Orléans sous la conduite de Christophe Maltot, a monté sa propre compagnie, Cartel, qui conjugue le théâtre et le cirque et qui a créé en décembre dernier, “Voulez-vous jouer avec moa”, pièce de Marcel Achard dans une mise en scène d’Yves Pignot. Celui qui a travaillé avec la compagnie Metonymie de Tiina Kaartama, et joué Avignon dans le Ruy Blas de la compagnie Antre deux rêves, a aussi décidé de monter à Orléans, ARCAS, Académie de recherche et de création des arts du spectacles sous chapiteau , outil culturel itinérant et ouvert à d’autres compagnies.

Maxime Larouy, comédien. JDB
Maxime Larouy et le concours ? “Cela fait onze ans que j’y participe. Je vais chercher les candidat dans les salles de répétition et le conduit au sas d’entrée en scène. Je reste à côté de lui, essaie de comprendre où il en est, de mesurer dans quel état il se trouve, soit détendu ou stressé. L’essentiel est pour moi qu’il soit au mieux dans son concours et que l’on convienne, jusqu’à dernière minute, de l’ordre des pièces de son programme que je communique ainsi au public et au jury. Comme au théâtre, il y a dans la relation de l’interprète à sa partition et au compositeur une dramaturgie que je découvre avec passion peu à peu”.

Bertrand Stasi, ingénieur du son. JDB
L’autre coup de chapeau s’adresse à l’ingénieur du son Bertrand Stasi qui, dans les coulisses, capte les prestations des candidats. Il est par ailleurs chargé de résoudre les questions techniques ou d’apport de sonorisation auxquelles les candidats lui demandent d’apporter une réponse. Au total, ce sont les récitals des trente-et-un candidats que l’on peut découvrir pour dix jours sur youtube. Une fois ce délai passé, ce patrimoine de création pourrait peut-être donner lieu à une réalisation durable en accord avec les compositeurs et les interprètes en devenir. Bel avenir du concours le dira.
Jean-Dominique Burtin.
Programme
Vendredi 16 mars à 19 h30, salle de l’Institut, récital de piano Tanguy de Williencourt, lauréat du concours Brin d’herbe 2007.
Vendredi 16 mars à 14 heures, 15 heures, 15 h 30, 16 h 30 au Théâtre d’Orléans: rencontre pédagogique avec les semi-finalistes.
Dimanche 18 mars à 15 heures, salle Barrault, Finale du du concours avec mdi ensemble placé sous la direction de Yoici Sugiyama.
En savoir plus: www.oci-piano.com
A noter: quelque dix-huit prix sont décernés lors de ce concours dont le Grand Prix Blanche Selva. Ce dernier est attribué à l’un des trois finalistes, d’autres peuvent être décernés à d’autres candidats.