La France en deuil n’accepte pas le terrorisme quel qu’il soit. Aux lâches assassinats qu’il commet, elle oppose du courage et une dignité collective. Ce courage a désormais un visage, celui d’un lieutenant-colonel de gendarmerie et un nom, Arnaud Beltrame. Ce haut gradé de la gendarmerie avait tout à perdre vendredi dernier à commencer par sa vie. Il n’a pas hésité.
Au-delà de l’attaque insensée et foutraque de Carcassonne et de Trèbes, son sacrifice a interpelé le pays tout entier : un soldat a donné sa vie pour la France. Ces mots que l’on avait pris l’habitude de ne lire que sur les monuments aux morts de nos défuntes guerres sont entrés dans notre brûlante actualité. Des hommes en uniforme, nos contemporains, membres de notre société, ont pris l’engagement d’assurer notre protection et ils le font au péril de leur vie. On l’avait oublié, on traitait ce fait avec légèreté. A l’ère de l’individualisme triomphant, de l’argent roi, de la consommation à tout prix, des réseaux sociaux égocentristes, du selfie triomphant, la détermination du gendarme qui a pris la place d’un otage oblige à considérer et à s’interroger sur nos vies douillettes. Au de-là du respect, de l’hommage, un minimum d’examen de conscience nous a obligé et nous oblige à nous redresser face à ceux quels qu’ils soient qui « profanent nos valeurs sacrées » a dit le président de la République.
La France a voulu que le cortège funéraire parte du Panthéon, cette église érigée par Louis XV que la République a transformée en temple dédié aux Grands Hommes. Arnaud Beltrame est ainsi entré officiellement et pleinement dans la longue histoire qui est la nôtre. Il était un militaire mais aussi un homme, un Français, l’un des nôtres. Un millier de lycéens venus des établissements voisins a salué la dépouille de celui qui s’était imposé à leurs yeux comme un héros, un exemple hautement formateur qui venait de s’imposer à leurs jeunes vies et à leur avenir.
« La mémoire d’Arnaud Beltrame vivra, son exemple demeurera. J’y veillerai. Je vous le promets. Face à l’hydre islamiste, cet ennemi insidieux, nous l’emporterons grâce au calme et à la résilience et par la cohésion d’une nation rassemblée », a martelé le président de la République aux Invalides. Une exhortation à prendre conscience des périls qui nous menacent qu’ils soient islamistes ou antisémites et à l’unité. C’est l’obligation pour nous tous de dépasser les communautarismes et de remettre les valeurs de la République au centre de notre société. Cette fois encore les terroristes ont perdu leur pari. Notre civilisation que la semaine dernière ils voulaient détruire et au moins fragiliser a montré qu’elle était plus forte aujourd’hui. Elle doit le rester.
F.C.