Jazz or Jazz: une soirée à la source*

Alors que le public du festival Jazz or Jazz boudait quelque peu ce vendredi soir la programmation contemporaine proposée salle Barrault avec The Sync et le retour de l’Orchestre National de Jazz, nous avons suivi la foule attirée par les classiques du genre avec le Lagniappe Brass Band venu tout droit sans escale de la Nouvelle Orléans et l’incontournable retour à Orléans de Lucky Peterson. Bien sûr, on pourra déplorer ce conformisme d’un public manquant de curiosité mais il en est du jazz comme des autres musiques: on aura toujours plus de monde à un concerto de Mozart qu’à une création de Boulez, et après tout Jazz or Jazz assume son rôle d’agitateur de talents en offrant ce choix certes pas toujours équilibré.

Lagniappe Brass Band cl Marie Line Bonneau

Et puis voilà, à toujours courir les valeurs rassurantes, on prend aussi le risque d’être déçu… Il faut bien reconnaître que le Lagniappe Brass Band (le petit cadeau en cajun) malgré l’enthousiasme sympathique de ses cinq musiciens très cuivrés, n’était pas vraiment à son aise sur une scène face à une grande salle assise et dans l’obscurité: cette musique-là, l’authentique, ça se vit évidemment autrement et on se consolera avec leur prestation ce samedi après midi vers 17 h place du Martroi en version fanfare, et surtout pour le bal de ce samedi soir dans le hall du théâtre (aux alentours de 22 h).

Lucky Peterson cl Marie Line Bonneau

Et puis Lucky Peterson nous offrit son son “Tribute to Jimmy Smith”**, béret rouge vissé sur la tête, tel un révérend derrière son harmonium (un orgue Hammond), et s’il n’était pas question de prier, la leçon ne manquait pas de panache, même si bien sûr son show ne pouvait qu’être sans surprise pour ce vieux routier du blues avec une carrière débutée, enfant “chanceux”, dans la boite de son père à New York. Notre confrère d’O’Jazz reproche aimablement au “maitre de se parodier” dans un spectacle qui oublie les racines d’un blues devenu show-bizz, mais qui pouvons-nous ? Et même si le concert a ses faiblesses, lorsque Lucky Peterson reprend sa guitare en solo pour chanter le blues avec ses éternels malheurs domestiques, l’émotion est là, avec les fantômes de Lihtnin’Hopkins ou de John Lee Hooker, qui seraient sans doute bien surpris de voir ce qu’est devenu leur héritage musical, toujours bien vivant pour notre plus grand bonheur.

Gérard Poitou

*Evidemment pas dans le quartier de la Source qui une fois encore ne fait pas partie de la fête !

** Rediffusé le 2 juin sur France Musique

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