Miracle de la vie, miracle de l ‘Amour

C’est l’histoire d’une maman qui fuit une autre forme de violence de son pays, la violence de la promesse d’une mutilation de son enfant à naitre! Elle fuit pour protéger la vie qui pousse dans son ventre. C’est l’histoire d’une petite fille qui a mis le nez bien trop tôt dehors et qui nait chez nous, là, tout près, à un peu plus de  570 grammes…

Par Yves Bodard 

C’est l’histoire d’une équipe de soignant, des gens exceptionnels qui tendent la main et “hébergent” la maman à qui, on promet la rue comme abri! C’est l’histoire d’un coup de coeur que me fait partager  Isabelle, une maman qui comme nous a connu l’aventure et le parcours de souffrance de la prématurité.
C’est aussi l’appel du personnel soignant qui se tourne vers moi pour collecter dans mon réseau le nécessaire pour faire face aux premiers besoins matériels de cette famille qui se construit. C’est l’histoire de services d’accompagnement médico-social mais aussi administratifs qui prennent le temps de l’écoute et l’empathie.

Un bébé né prématurément ce n’est pas un mini-bébé, ce n’est pas seulement un bébé plus petit que les autres, c’est un bébé plus fragile, plus vulnérable. Ce n’est pas non plus un poupon ou une poupée en l’occurrence même si parfois ce sont les seuls habits qui lui vont. D’abord, du soutien matériel, puis du lien qui se crée puis les réflexes du vieil éduc et surtout ceux de l’ancien papa de prémas reprend le dessus et il faut que je m’en mêle! Bientôt le grand jour, celui de la sortie arrive… Avec ses 2 kg d’espoir et d’énergie, la petite est “autonome” c’est à dire qu’elle respire seule, qu’elle mange et peut rentrer dans sa maison… Mais de maison, elle n’en a pas ! Alors, ce sera un lieu d’hébergement dans un autre département faute de place localement mais avec un service Néonat de qualité à proximité. L’inquiétude prend le dessus, la maman a peur et nous la rassurons. Malgré tout, nous sommes aussi inquiets sur les conditions d’accueil, l’aide humaine dont aura besoin cette famille et surtout les conditions de transport seront-ils satisfaisant ?

Tout est calé pour un vendredi et le transport se fera par la voie ferrée. Gloups! J’hallucine, je m’agite, je m’indigne… En train, ce n’est pas possible et ce n’est pas recommandé et même proscrit médicalement pour un bébé si fragile… C’est un voyage à risque. C’est con, réducteur sans doute, mais j’associe dans ma tête, en images celles de la déportation… et l’histoire vécue d’Eloïsa Panzo, cette petite préma Angolaise, qui, il y a une petite dizaine d’années avait défrayé l’actualité locale. La famille avait été cueillie à son Hôtel un matin et expulsée manu-militari par les services de l’état par la Belgique. A l’époque président de” bébé plume” dont je fus le fondateur avec d’autres parents et personnel soignant, j’avais fait voyager mon indignation dans les médias et jusqu’au plus haut sommet de l’état et j’y avais perdu des plumes sur le plan personnel dans ce combat contre le pot  et la main de fer. Sarko avait sévi!

Mais j’y avais gagné en humanité et en liens tissés. Alors plus jamais ça et désormais, je ne serai plus seul! Voyager en train,donc! Et puis, la poussette, le cosy que l’on vient de récupérer, toutes les collectes de vêtements que la générosité des uns et des autres a permis, les biberons, les couches etc…C’est du n’importe quoi. Il suffit juste de fermer les yeux et imaginer la scène sur le quai de gare! Je suis ne suis pas seul à m’agiter et essayer de convaincre.

Isabelle prend sa part, décroche le téléphone, explique son parcours de “mère-préma”, touche les coeurs, broie les idées reçues et arrive à convaincre de donner du temps, du répit. Elle se porte même garant et propose d’héberger la petite famille quelques jours et les accompagnera sur leur nouveau lieu de vie. Elle et son mari assurent grave! L’assistante sociale qui n’a pas lâché l’affaire nous appuie, les services administratifs prennent la mesure de la situation exceptionnelle, la maman rassurée s’apaise, se projette! L’intelligence “collective” chère à  mon compagnon Charles-Henry s’est exprimée. Elle ne se décrète pas, on la provoque et se construit dans l’agir! Il faut des meneurs, des lanceurs d’alerte, des dégoupilleurs sinon on tourne en rond (Mais ça, c’est une autre histoire).

Cette histoire devient notre histoire et maintenant un peu la vôtre… Lorsque j’étais avec la petite et sa maman, j’ai vu leur regard et l’amour dans leurs échanges, j’ai aussi vu leur regard dans le mien et ça, c’est plus fort que tout. J’étais ému aux larmes mais je les ai gardées au fond des yeux car “ça pleure pas les gars!” Ben si pourtant !! Y’a encore tant à déconstruire. Nous allons donc garder le contact, préserver ce lien précieux qui nous unit maintenant. J’avais tout simplement envie de vous faire partager ce miracle de la vie, ce miracle de l’Amour.

Prématurément Vôtre!

Commentaires

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  1. Le rédacteur de cet article gagnerait à être plus sobre…et moins confus !

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