« Quand les Soudeurs Étincellent » est une première ! Plus encore, un défi ! Un défi qui attend 18 sculpteurs sur métal les 22 et 23 septembre sur 250 m du quai du Châtelet à Orléans : réaliser une sculpture en direct en un temps donné, à partir d’une benne de ferraille qui sera ensuite vendue aux enchères au profit de l’association E-Nable.

La vente de “Porter l’avenir” permettrait de financer un projet de Planétarium ©EB/MagCentre
C’est l’attraction, le buzz du moment, et elle suscite toutes les curiosités en plus des photos et selfies à foison ! Il faut dire que rencontrer des pachydermes en bord de Loire, ça ne court pas les rues ! D’autant que ceux-ci sont en acier inoxydable, portés à 6 m de haut par une structure de 2,50 m de large sur 4,5 m de long : maman éléphant et bébé, signés François Lavrat dans cette œuvre intitulée ‘Porter l’Avenir’.
Une œuvre de 2 tonnes aussi monumentale que son symbole : « Je l’ai créée il y a 10 ans pour le Salon de la Chasse à Rambouillet. L’idée était de mettre en évidence la nécessité de préserver le plus gros mammifère terrestre vivant : l’éléphant. Une œuvre symbolique de la sauvagarde de la biodiversité : deux éléphants, la mère et son petit, portés à bout de bras vers un avenir meilleur », explique l’artiste qui sera l’un des 18 sculpteurs-soudeurs à étinceller sur le quai du Châtelet ce week-end.
Valoriser un métier peu connu

Sege Aubailly, l’un des initiateurs du projet. ©EB/MagCentre
« Quand les Soudeurs Étincellent » est un nouvel événement orléanais porté par l’initiative de quatre amis sculpteurs sur fer, dont Serge Aubailly. L’idée ? « 18 sculpteurs vont créer une œuvre en live, sur le thème de la Loire, à partir d’un tas de ferrailles à leur disposition. Pour cela ils auront 16 heures entre le samedi et le dimanche ». Des créations qui finiront vendues aux enchères au profit de E-Nable, association qui aide les enfants à se doter de prothèses de mains, en plus de la cinquantaine d’œuvres exposées parallèlement. Inspiré de « La Nuit des Soudeurs » de Granville, ce concours-festival est aussi l’occasion de valoriser un métier souvent méconnu : « On pense bronze, pierre mais pas forcément métal, alors que l’on peut tout faire avec et qu’il est 100% recyclable !, poursuit Serge Aubailly. C’est aussi peu fragile et de plus en plus à la mode pour équiper intérieurs comme extérieurs. »
De la casse à l’œuvre d’art
Fasciné par le principe de la métamorphose du métal, c’est ainsi que François Lavrat a construit sa vocation dans l’atelier de son père dès l’âge de 5 ans. « Le métal est le lieu de tous les possibles, un univers où l’on est en état de découverte perpétuel, et à ce titre je me considère toujours comme un apprenti. La sculpture sur métal est moins connue car elle demande des moyens techniques importants et la soudure est moins répandue chez les artistes. On crée le volume à partir de toles plates mises en volume à la presse ou à la forge puis la surface est polie et ciselée comme un bronze. Ainsi, on transforme ce qui était destiné à la casse en œuvre d’art… »
Un week-end donc pour voir étinceler ces artistes et travailler la matière. Un week-end aussi pour admirer ces éléphants en bord de Loire avant qu’ils ne repartent à moins que la Mairie d’Orléans ne l’acquiert pour aménager l’entrée du futur MOBE : mise à prix 80 000 € pour 2 000 heures de travail ! Et quand bien même « Porter l’avenir » ne serait pas vendue, l’œuvre de François Lavrat aura délivré durant une semaine un message symbolique et plus que jamais d’actualité : sensibiliser à la disparition des éléphants menacés par les braconniers. « Si la race humaine ne comprend pas qu’il faut protéger les espèces, elle s’éliminera alors aussi elle-même ».
Estelle Boutheloup
Une collectionneuse d’éléphants au secours des éléphants de François Lavrat

Grâce à Janny Léveillé les éléphants de François Lavrat sont sous les feux de la rampe la nuit. ©EB/MagCentre
« On sonne à ma porte : peut-on prendre l’électricité dans le hall, notre générateur n’est pas assez puissant…? » Ce matin là, Janny Léveillé, seule à répondre à l’interphone de l’immeuble situé juste en face, ne se doute pas qu’elle va participer à la mise en lumière des éléphants dont elle a vu l’installation quelques jours plus tôt ! « C’est pour éclairer quelle sculpture ? Ah les éléphants ! Montez… ». Et quelle surprise pour les organisateurs : Janny possède chez elle quelque 400 éléphants… en os, porcelaine, évéa, verre, plâtre, serre-livres, théières, arrosoirs, affiches, etc. Mais que des blancs… les sacrés. Aussitôt, plus question de se brancher dans le hall ! « Branchez-vous directement dans mon appartement ! » Un geste éclairé pour des éléphants qu’on croirait jaillir d’un coucher dans un bush africain. Une mise en scène esthétique et poétique pour tous mais dont elle est aux premières loges… E.B.