François Hollande mercredi à Olivet avec son ministre Jean Yves Le Drian guidés par le colonel Damien Wallaert.
François Hollande avait-il déjà décidé mercredi qu’il allait donner le feu vert vendredi à l’engagement des troupes françaises au Mali? C’est la question que doivent se poser aujourd’hui les 1.500 soldats auxquels il a présenté ses voeux pour toute l’armée française à Olivet, au 12 ème régiment de Cuirassiers. Rien dans ses propos ne le laissait supposer. Il est vrai que la décision d’engager des troupes, non seulement en soutien avec l’aviation et les hélicoptère et semble t-il à terre, a été prise dans l’urgence devant l’avancée des groupes islamistes vers Mopti et le sud du Mali.
Epauler les forces maliennes
Reste que les observations des services de renseignement français remontés à Paris indiquaient depuis plusieurs jours que l’intervention destinée à stopper l’avancée des maliens en rébellion n’attendrait pas septembre comme annoncé précédemment. Le chef des armées française sur les conseils de l’Etat-major avait donc décidé d’épauler les forces gouvernementales, sans doute depuis plusieurs jours.
Et surtout de dépasser le niveau d’engagement initialement prévu par la France qui se limitait jusque là, à de la formation et de l’appui logistique. Mais la lenteur de la mobilisation des troupes africaines de la CDEAO a contraint le président malien devant l’avancée des Islamistes à demander l’aide internationale en urgence, donc à appeler la France au secours.
Bien plus qu’un soutien logistique
Jean-Yves Le Drian à Bricy .
Plusieurs fois le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian avait dit et répété que l’armée française n’agirait qu’en soutien logistique, aérien. Notamment lorsque nous lui avions posé la question à Bricy, début octobre.
Mercredi à Olivet pour ses premiers voeux de Président à l’armée François Hollande avait aussi déclaré “le terrorisme, cette forme de barbarie qui a déclaré la guerre à toutes les civilisations, a pris racine au Sahel et dans le nord du Mali. Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a adopté à l’unanimité la résolution 2085 autorisant “pour une durée initiale d’une année”, le déploiement d’une mission internationale sous conduite africaine. Elle soutiendra la reconstitution de l’arme du Mali et permettra de chasser les groupes islamistes extrémistes qui occupent cette région depuis des mois. L’union européenne participera à la formation des forces armées maliennes. La France soutiendra les peuples d’Afrique de l’ouest, en respectant le principe de leur souveraineté et en leur laissant la maîtrise de leur destin”.
Mutismes à Olivet
Si François Hollande avait pris sa dérision, mercredi le secret a été bien gardé. le Président ne s’est pas adressé à la presse lors de ce déplacement à Orléans. Le service de presse refusait que la moindre question soit posée au Président même à la volée ce qui n’est pas habituel. De même la séance de calinothérapie aux militaires présents, François Hollande acceptant toutes les photos de lui posant devant les smartphones, était particulièrement appuyée.
La DGSE à Cercottes
Une façon de saluer des militaires qui à peine sorti du bourbier afghan vont plonger dans un marigot africain pour une opération qui ne sera peut-être pas si expéditive qu’on le dit? Interrogés devant leur char Leclerc, des officiers du 12 ème Cuir ne croyaient pas, quoi qu’il en soit, à l’engagement des blindés au Mali. Même si l’armée française est plus mouillée que prévu dans la chase aux islamistes du Mali, il parait improbable en effet que les blindés soit la réponse appropriée à ce conflit africain.
En revanche, les troupes d’élite voisines celle de la DGSE (Direction générale des services extérieurs) dont l’un des centres d’entraînement et de matériel est à Saran-Cercottes, auront certainement joué un rôle majeur dans la préparation de l’intervention et la formation des soldats du Mali.
Christian Bidault