Drucker : « le jeunisme, ce racisme de l’âge »

Vieux Michel Drucker ? A cette questions il oppose un non catégorique. A 76 ans il est en pleine forme et estime en avoir « toujours sous le pied ». Cet homme de télévision qui depuis 35 ans revient régulièrement dans beaucoup de foyers par petit écran interposé s’est construit un personnage qui est son mode de vie et auquel il tient. A l’occasion de la sortie de son dernier livre « Il faut du temps pour rester jeune », nous l’avons rencontré. Il s’est livré sans retenue.

Pourquoi avoir entrepris l’écriture de ce livre dans lequel vous vous en prenez au jeunisme ambiant et dans lequel vous donnez des conseils pour rester jeune tout en vieillissant?

Michel Drucker : J’ai fait mes débuts à l’ORTF, quand la télévision existait à peine. Autrement dit j’ai l’âge de l’histoire de la télévision. Et puis, il y a deux ans, la direction de l’antenne a supprimé « Vivement dimanche pour rajeunir les marques ». J’en ai souffert et j’ai eu envie d’abandonner. Même si je ne me trouvais pas plus vieux qu’aujourd’hui. Je me suis ressaisi et d’une blessure, d’un trouble, de questions, j’ai décidé de faire ce livre qui s’inscrit dans une forme de combat contre le   jeunisme ambiant. Pour l’écrire je me suis assuré la collaboration de l’écrivian Jean-François  Kervéan.

Ce livre est -il votre coup de pied dans le fond de la piscine pour remonter ?

En quelque sorte. Après l’orage, j’ai mis les bouchées doubles et puisqu’il fallait paraître jeune j’ai tout fait pour le paraître. Ce n’est pas parce qu’il est écrit 1942 sur ma carte d’identité que je ne suis pas en forme. C’est une question de mental, de volonté, d’hygiène de vie. Je le raconte dans mon livre. Le jeunisme est ringard. Il est le racisme de l’âge, je n’ai pas peur de l’affirmer. Je l’ai écrit dans mon livre. Je suis peut-être un vestige pittoresque mais sûrement pas démodé. Les modes passent moi je suis resté. Les familles françaises m’ont adopté et continuent à me montrer leur affection. C’est très stimulant.

La retraite ce n’est pas pour vous ?

Je comprends ceux qui après des années de travail pénible, de fatigues accumulées aspirent au repos. Moi, c’est autre chose. Me débrancher de ma passion, de mon addiction, la télé, sans avoir rien préparé pour la prolonger ce serait terrible, une petite mort. Il  y a vingt ans un patron de chaîne a dit à Jacques Martin, 65 ans à peine, qu’il avait fait son temps. Il l’a si mal vécu que je ne suis pas sur que cet arrêt brutal ne soit pas étranger à son AVC. Que savent le patrons de chaîne de l’avis du public constitué par de plus en plus de seniors ? Sont-il un sous-public dont il ne faut pas tenir compte ? Le nouvel Homme fort de France Télévision, Takis Candilis, a décidé que non puisqu’il m’a demandé de reprendre « Vivement dimanche ». Mon successeur sur cette tranche horaire bien que plus jeune n’avait pas fait mieux que moi.

Lire un extrait

Quel mode de vie avez-vous choisi pour rester en forme et assurer votre longévité ?

Je suis en mouvement, je fais du vélo. Le problème est de ne pas arrêter de pédaler. Dans le Bocage normand où il soignait de nombreuses personnes souffrant de maux liés à l’alcool, mon père médecin de campagne, m’expliquait pourquoi il ne leur restait pas longtemps à vivre. Dès l’adolescence, impressionné par cette réalité, je vivais déjà comme un ascète sans que cela me gène. Je savais que pour durer il fallait rester en forme physique. Je mange peu, je ne fume pas, je ne bois pas. Bien qu’il me soit arrivé de sortir en boîte avec Johnny je n’ai jamais pris une cuite.

Je me lève vers 8 heures, j’écoute les infos à la radio puis je monte dans mon bureau pour 45 minutes de home trainer sur un vélo offert par Eddy Merckx tout en regardant la télé, les émissions du matin de BMF. Puis j’effectue trois séries de mouvements pour les abdos et une cinquantaine de squats pour les cuisses. Je termine par la balance. Elle m’indique ma fréquence cardiaque, ma masse graisseuse et mon poids. Je me fais masser deux à trois fois par semaine et je vais aussi souvent que possible à la piscine. En week-end, j’effectue 50 à 60 km à vélo. Sur les conseils de mon cardiologue, je suis passé à l’assistance électrique. En semaine mes journées de travail commencent à midi pour se terminer à minuit

Si la vieillesse vous abimait physiquement, si elle vous diminuait, cesseriez-vous de vous montrer ?

Le signal d’alarme sera quand je ne pourrai plus me regarder à la télévision. Je n’aurai pas recours à la chirurgie esthétique. Je ne suis pas de ceux qui guettent les effets de leur dernière piqûre de Botox. Je préfère garder mes rides. J’ai choisi le sport, l’effort et une hygiène de vie. Mon ambition était de faire carrière, je suis fier d’avoir duré et d’être encore dans le coup. Devenir centenaire n’est pas mon obsession mais j’ai envie que le troisième et quatrième âge ou plutôt acte soit à la mode, puisque la mode a son importance. Je veux faire mon métier quelques années encore, tant que je pourrai. Vieillir sans devenir vieux, c’est exactement mon expérience celle que je dis et explique dans mon livre.

Propos recueillis par Françoise Cariès

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