« Il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre comme celle-
là qui te divise plus ou moins proprement un bonhomme en plusieurs morceaux et qui l’envoie aux quatre points cardinaux. »
Fernand Léger cité à l’exposition du Cubisme au Centre Pompidou.
Une exposition sur le désastre
Le Centre Charles Péguy* présente en commémoration du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 une exposition intitulé “1918, la fin du désastre, et maintenant ?…”
Certains pourraient dire: “N’y conduisez pas vos enfants !”, car certes cette exposition nous montre des images de cette “Grande” guerre parfois insoutenables. Et pourtant n’est-ce pas les plus jeunes qu’il faut sensibiliser à l’atrocité des guerres alors que l’on célèbre le centenaire de la fin bien provisoire de celle qui devait être “la der des der” ?
En chiffres …
En deux petites salles, le Centre Péguy tente de faire le bilan de ces quatre années de guerre d’abord en quelques chiffres monstrueux:
-1 million 397.000 soldats tués et 300.000 disparus coté français
-4 millions 266.000 blessés dont 315.000 mutilés, 42.000 aveugles et 15.000 blessés de la face, les “gueules cassées”
-300.000 civils tués, 1 million d’orphelins et 600.000 veuves de guerre…
et 800 km de front totalement dévastés et l’exposition fait la liste non exhaustive des villes et villages rayés de ce monde.

… et en images
Mais, bien sûr, les images de cette exposition (dont seul le noir et blanc les distingue de notre actualité) ne font pas qu’illustrer ces chiffres, que ce soit ces paysages en ruines ou ces hommes et femmes touchés dans leur chair, elles nous donnent à ressentir au plus profond de nous même ce que fut cette tragédie humaine. Photos ou gravures, chaque scène nous projette dans une souffrance indicible, et quand bien même certains commentaires d’époque tendent à accuser l’Allemand seul responsable de ces ignominies, nous ne sommes pas dupes de cette propagande obsolète face à l’Histoire.
De nombreux extraits de lettres du front sous vitrine et quelques belles citations viennent compléter ces images par des témoignages littéraires poignants.
“Nous ne prévoyons plus, nous ne nous souvenons plus; notre vie clignote, rétrécie, comme la flamme des bougies dans les fosses.”
Maurice Genevoix Les Eparges 1915

Il manque pourtant la dernière page du bilan de cette Grande Guerre que tout un chacun pourra compléter: ce funeste traité de Versailles qui décida de faire de l’Allemand l’unique coupable de ce désastre humain, politiques et militaires français victorieux préférant l’humiliation à la réconciliation, conduisant ainsi à ce qui ne fut qu’une trêve de vingt ans…
Gérard Poitou
*Le lieutenant Charles Péguy fut tué au front dès septembre 1914, après s’être opposé au pacifisme de Jaurès qui fut pourtant son ami socialiste, assassiné le le 31 juillet 1914.
Exposition “1918, la fin du désastre, et maintenant ?..”
jusqu’au 5 janvier 2019
Centre Charles Péguy 11 rue du Tabour 45000 Orléans
du mardi au samedi de 14 h à 18 h entrée libre