De couleur et de fureur avec “Saison sèche” à Orléans.

Le choc est absolument magnifique. Présentée depuis ce jeudi par la Scène nationale sur la scène de la salle Jean-Louis Barrault du Théâtre d’Orléans, l’œuvre de la chorégraphe Phia Ménard, d’une durée de quatre-vingt dix minutes pour sept danseuses,  est d’une violente profondeur et d’une éblouissante facture conjuguant dans un même souffle tellurique, et  la scénographie, et la musique saturée,  et le corps nu dans sa plus humble, douloureuse, véhémente  et belle réalité affirmée.

Cérémonie de corps en tourment

Avec “Saison sèche”,  saisissante invocation hors normes au respect de l’autre, place à la cérémonie fiévreuse et désemparée de corps dans la tourmente d’un espace clos et pesant dont on finit par s’évader à la force de vivre.
 Phia Menard: “Le pouvoir patriarcal est symbolisé sous les formes d’un espace fait de quatre murs blancs où l’individu se sait observé  sans jamais savoir quand. C’est une prison, une pièce, un volume changeant où sont enfermées ces sept femmes dont nous racontons l’acte de résistance et de luttes sous la forme d’un parcours initiatique par l’invention d’un corps d’avatars transgenres.” 
Et la performeuse d’évoquer dés lors “les danses, les travestissements, les cris, les souffles et les fluides provoquant la naissance d’un trouble, l’union, le combat, les cris , les douleurs, l’envie d’en finir avec l’assignation, la violence, les humiliations”.

Stupéfiant hymne à la pureté 

Sur la scène orléanaise, tout comme au festival d’Avignon, voici l’effrayante menace de l’aliénation mais aussi la joie du soulèvement, fabuleusement douloureuse mais contagieuse, voici  l’ample et fragile beauté du corps nu, la colère des couleurs appliquées à mains nues sur la peau, la cérémonie pure du cercle avant la transe , l’évocation de la possession, la révolte,  animale, viscérale.
Mais voici dans le même élan, une chorégraphie où la parodie de la barbarie s’effectue avec un humour farouchement décapant.  Tout se déroule jusqu’à ce chaos final, où les murs de guerre semblent suer du sang sous des rafales de néons affolés.  Face aux ruines du décor, au terme d’une éblouissante performance entre épure et déchirement,  peuvent enfin s’élever les applaudissements de toute une salle. Ils sont doux et forts, semblables à un hymne d’ailes à la paix. Ici, nul doute encore, comme le proclamait Aragon,  que simplement la femme soit l’avenir de l’homme.
Jean-Dominique Burtin.
Nouvelle et dernière représentation, vendredi 18 janvier, 20h.30, salle Barrault, Théâtre d’Orléans.Scène Nationale d’Orléans

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