Harlem quartet : douleur de la mémoire et cri d’amour

De James Baldwin on connaissait “I Am Not Your Négro”, le film magnifique et puissant qu’à réaliser Raoul Peck à partir d’une de ses œuvres. Avec Harlem Quartet Élise Vigier du Théâtre des Lucioles à Rennes nous a proposé mercredi et jeudi au CDNO une adaptation poignante et efficace de “Just Above My Head” un autre roman de Baldwin.

Avec sa mise en scène dépouillée mais qui fait appel à la musique jouée en direct, au gospel enregistré et à la vidéo Élise Vigier nous emmène dans Harlem ce quartier noir new yorkais dans les années 50-60. Des années noires pourrait-on dire, les pires pour la répression et la discrimination raciale, qui plus est -double peine ! – quand on est noir et homosexuel. Harlem Quartet nous installe dans cette communauté noire, homosexuelle et musicale à travers les pérégrinations de Hal Montana entre 1949 et 1975, de ses amis et de sa famille, notamment de son jeune frère Arthur chanteur de gospel mort d’overdose à 39 ans et à qui il voue un amour sans limite. Malgré quelques longueurs et facilités -comme cet acteur qui se dénude pour provoquer l’émoi du public lycéen- Élise Vigier nous promène dans l’histoire de ces deux décennies, celle de la discrimination mais aussi celle des combats civiques pour bien rappeler que James Baldwin fut de tous ces combats, notamment au côté de Martin Luther King.

Avec un jeu bien huilé de panneaux et de châssis coulissants, la metteure en scène réussit à nous faire accepter ces sauts dans l’histoire, ces histoires entrecroisées où se mêlent la famille, l’homosexualité, la violence ou la religion. Cet itinéraire magnifiquement joué par des acteurs tous noirs ce qui ajoute à la crédibilité du récit est un cri d’amour mais d’abord un travail de mémoire. Une mémoire forcément incomplète, obscurcie par la mort du frère, mais ravivée en permanence par des allers-retours, des flash-back douloureux et poignants.

Cette mémoire familiale dramatique se colle alors à la mémoire historique de la discrimination. Un exercice pour rappeler que le racisme ou l’homophobie ne sont pas des objets relégués dans un coin oublié de l’histoire mais aussi une réalité et donc un combat encore d’actualité.

J.-J.T.

Harlem Quartet

d’après Just above my head, un roman de James Baldwin
avec Ludmilla Dabo, William Edimo, Jean-Christophe Folly, Nicolas Giret-Famin, Makita Samba, Nanténé Traoré et les musiciens Manu Léonard et Marc Sens
à l’image Saul Williams et Anisia Useyman
adaptation et mise en scène Élise Vigier
traduction, adaptation et dramaturgie Kevin Keiss

Spectacle donné les 27 et 28 février au Théâtre d’Orléans

Programmation: CDN d’Orléans

Commentaires

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  1. De James Baldwin on connaissait “I Am Not Your Négro” (negro, sans accent) le film magnifique et puissant qu’à (a, c’est le verbe avoir) réaliser (réalisé, c’est un participe passé) etc.
    Tout ça rien que dans le chapeau de l’article. Orfograf, ton francé fou l’camp !!!

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