Avec son époux Eiji, Junko Shibanuma, la plus française des japonaises, a passé près de 20 ans auprès de Bernard Lorjou dont elle perpétue la mémoire et l’œuvre en tant que présidente de l’association éponyme. Celle-ci propose jusqu’au 1er juin une riche exposition à la maison de la Bd de Blois.

Junko au côté Bruno Genini directeur maison de la bd, de Jean-Pierre Baron président et Marc Gricourt
« Nous sommes très heureux de présenter au public de la maison de la Bd 33 œuvres majeures de Bernard Lorjou issues de collections privées. Bernard Lorjou était un artiste très prolifique. Il existe près de 2000 œuvres recensées à ce jour du peintre-pamphlétaire mais, avec celles se trouvant aux Etats-Unis, ce nombre monte sans doute à 2500 » nous expliquait Junko avec son inimitable accent japonais.
La native d’Osaka est sans doute, mise à part son épouse Yvonne Mottet, la personne qui connaît le mieux la personnalité et l’œuvre de Bernard Lorjou (1908-1986), l’un des plus grands peintres de sa génération qui a marqué l’histoire de la peinture moderne à la fois par ses créations mais aussi par ses coup de boutoir contre le système.
C’est en 1968 que Junko rencontre Bernard Lorjou enfant de Blois Vienne ; elle devient alors son interprète à Tokyo à l’occasion de l’une des ses expositions. Malgré quelques réticences, elle ne le quittera plus rejoignant la France où vit et travaille le maître. De son atelier de Saint-Denis-sur-Loire à Paris en passant par la Garde Freinet en Provence, Junko sera l’indispensable assistante d’un homme fantasque et attachant mais toujours exigeant.
« J’étais en charge de son secrétariat et de l’organisation des expositions tandis que mon époux Meiji se chargeait de la technique et de la restauration des tableaux. C’était aussi un très grand photographe. Nous avons passé des années merveilleuses auprès de Bernard Lorjou » raconte Junko en commentant les toiles exposées à la maison de la Bd.

“La vie est un jeu” Bernard Lorjou
Intitulée « Bernard Lorjou, la vie est un jeu », celle-ci emmène le visiteur dans l’univers de Bernard Lorjou. Un univers où règne la couleur au service d’une peinture engagée, « coup de poing » marquée par quelques performances médiatiques notables contre l’art abstrait ou le centre Beaubourg.
Chien volant, Danseuse espagnole, Course à pied à Montmartre ou encore le monumental Cortège d’Orphée … l’auteur de la Peste en Beauce révèle sa filiation avec les maîtres espagnols Vélasquez, Le Greco ou Goya. Toujours jeune et proche des enfants, une vidéo de Youri témoigne de sa volonté de pédagogie. Tournée en 1976, on y découvre Lorjou dans une villa du sud de la France jetant dans la piscine ses peintures acryliques et nageant au milieu d’enfants rieurs amusés par ce détournement de l’art.
Lorjou ambassadeur de la ville de Blois
Présent lors du vernissage le 26 février, le maire de Blois Marc Gricourt a aussi évoqué la possibilité de création d’un lieu d’exposition permanent dédié aux œuvres de Bernard Lorjou qui pourrait se situer à l’Hôtel- Dieu dont les espaces vont être réaménagés par la ville. Un sacré clin d’œil du destin pour un homme qui avait pourtant affirmé sur son lit de mort ne vouloir « ni musée ni fondation ».
Jean Luc Vezon
Exposition Bernard Lorjou, “La vie est un jeu
Maison de la Bd 3 rue des Jacobins 41000 Blois
Du mardi au samedi : 9 h 30 – 12 h & 14 – 17 H 30
Fermé dimanche et lundi. 02 54 42 49 22
http://lorjou.com