La revue XXI a 5 ans. Elle est née de la rencontre de deux personnes, de deux mondes qui se côtoient en permanence, qui s’affrontent parfois mais qui sont aussi les auteurs d’heureux évènements. Il s’agit de la rencontre de Patrick de Saint-Exupéry, grand reporter et de Laurent Beccaria, directeur des éditions Les Arènes. A l’occasion de la parution du numéro 21, ils publient un manifeste sur le journalisme, le manifeste XXI.
De bonnes ventes
De nombreuses critiques, certaines très virulentes, ont été faites de ce manifeste. Si Patrick de Saint-Exupéry était à la librairie Les Temps Modernes à Orléans vendredi dernier c’était avant tout pour parler de la revue en elle-même mais il a par ailleurs apporté quelques éclaircissements sur la raison d’être de ce manifeste qui est de susciter le débat. Et non de participer à un plaidoyer pro domo comme il a pu être dit à plusieurs reprises, la revue XXI se vendant d’ailleurs très bien.
Le modèle économique
Les critiques étant trop nombreuses pour les prendre toutes en compte, on retiendra que les auteurs du manifeste sont accusés d’archaïsme dans la mesure où ils rejetteraient l’apparition d’un nouveau support : internet. Il n’en est rien., le manifeste insiste à plusieurs reprises sur la réussite de site comme Médiapart ou Arrêt sur images qui fonctionnent sans publicité. Car l’enjeu principal de cette intervention est bien de remettre en cause le modèle économique associé majoritairement à l’exploitation de ce nouveau support.
Cette confusion a pu être entretenue par des intertitres comme « Il est possible de refonder une presse post-Internet ». Patrick de Saint-Exupéry s’est attaché à rappeler brièvement la façon dont ce modèle économique s’est imposé de lui-même ; les annonceurs publicitaires, ressource incontournable de la presse écrite, ayant migré en masse vers internet, ils ont contraint la presse papier à suivre le mouvement. Outre le fait que peu de journaux ont réussi à afficher des résultats satisfaisants après cette mutation, il nous rappelle que le principal danger du « tout publicitaire » réside non pas dans les caprices idéologiques des annonceurs mais bien dans le besoin marketing de « cibler » le lecteur.
Et donc d’apporter une dimension mécanique au choix de l’information diffusée.
L’écume de la vague
Lors de cette rencontre avec Patrick de Saint-Exupéry aux Temps Modernes, ce dernier a eu l’occasion d’évoquer la vocation de la revue XXI de « ne pas s’intéresser seulement à l’écume de la vague qui symbolise l’actualité mais plutôt à l’essence même de cette vague » qui constitue la véritable information et qui renvoie au journalisme de terrain. C’est uniquement par intérêt pour cette vague dont il cherche à percer les secrets que ce manifeste a été publié.
Nicolas Pons
“La presse nationale malade de ses patrons,” rencontre débat, organisée par le Club de la presse Val de Loire, avec Jean Stern LE MARDI 6 FEVRIER À 18 HEURES A LA LIBRAIRIE PASSION CULTURE D’ORLEANS.