Le festival de Cannes 1939 aura finalement bien lieu… en 2019 et à Orléans !

Annulée en 1939 en raison du début de la Seconde Guerre mondiale, la toute première édition du Festival de Cannes se déroulera 80 ans après, du 12 au 17 novembre, en hommage à l’ancien ministre Jean Zay.

Tout était bouclé, en quelques mois. Louis Lumière devait présider l’événement. La sélection de 38 films avait même été dévoilée. Mais le premier festival de Cannes, qui devait se tenir en 1939 n’a pas eu lieu à cause du début de la Seconde Guerre mondiale. L’Orléanais Jean Zay, alors ministre de l’Éducation et des Beaux-Arts, en était à l’initiative. À l’époque, il avait imaginé ce festival pour contrer la Mostra de Venise, qui était devenue un instrument de propagande fasciste. C’est finalement en 1946 que s’est déroulée la première fête du cinéma à Cannes, alors que Jean Zay avait été exécuté par la milice deux ans plus tôt.

C’est lors de son entrée au Panthéon, en 2015, que le Cercle Jean Zay  a eu l’idée de lui rendre hommage en recréant le festival de Cannes 1939 à Orléans, sa ville natale. Le Comité Jean Zay Cannes 39, créé pour l’occasion, est chargé de l’organisation de ce “remake”, qui se tiendra, 80 ans plus tard, du 12 au 17 novembre. “Tout le monde connaît le festival de Cannes, mais peu de gens savent que Jean Zay en est à l’origine. Il a compris que le cinéma avait un intérêt industriel pour la France. C’est aussi un visionnaire, un précurseur”, souligne François Caspar, directeur général de l’événement.

“Un travail de longue haleine”

L’objectif est de présenter 25 des 38 films de la sélection originale. Parmi eux : La Taverne de la Jamaïque d’Alfred Hitchcock, Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks, Le Magicien d’Oz de Victor Flemming ou encore La Charrette fantôme de Julien Duvivier. Près de trois quart des films sont étrangers. Mais il n’est pas simple de mettre la main sur ces œuvres. “C’est un travail de longue haleine, affirme François Caspar. Il faut trouver les ayants droit, les diffuseurs… Pour cela on utilise Internet, les réseaux professionnels, les annuaires, avant de retrouver les bobines des originaux. Et la bobine est un matériau très sensible, qui se détériore très facilement. Il y a malheureusement des films que l’on a pas pu retrouver. On est encore en train de peaufiner la liste.”

500.000 euros : comme le montant du budget de “Cannes 39”, soutenu par la Ville d’Orléans et la Région Centre-Val de Loire

Les projections auront lieu au théâtre d’Orléans, au cinéma Pathé Loire et au cinéma des Carmes. Des prix seront remis par un jury présidé par le cinéaste israélien Amos Gitaï et composé par, entre autres, les filles de Jean Zay Catherine et Hélène, la réalisatrice Julie Bertuccelli, le réalisateur et scénariste hongrois László Nemes ou l’écrivain Yannick Haenel. “Il doit avoir une dimension internationale”. La nature des prix reste encore secrète. “Mais il n’y aura pas de Palme d’or, car elle n’existait pas en 1939”, indique le directeur général. L’organisation du festival est encore à la recherche d’invités prestigieux.

Le festival aura également une dimension pédagogique. Collégiens et lycéens seront intégrés dans le projet par l’intermédiaire de concours d’éloquence ou de réalisation d’affiches. Enfin, des tables rondes et des conférences seront animées par des professionnels du cinéma.

Mais est-ce que la traditionnelle montée des marches rouges sera de la fête ? Oui, à en croire les organisateurs, le lieu et surtout les marches restant à définir.

Le jury 
Président : Amos Gitaï, cinéaste israélienEt puis…
– László Nemes, réalisateur et scénariste hongrois
– Pascale Ferran, réalisatrice française
– Yannick Hael, écrivain français
– Julie Bertuccelli, réalisatrice française
– Virginie Linhart, réalisatrice française
– Jérôme Prieur, écrivain et cinéaste français
– Catherine et Hélène Zay, filles de Jean Zay

Thierry Frémaux, le délégué général du “vrai” festival de Cannes devait initialement être parmi les jurés. Il ne peut finalement assurer sa présence et devrait être remplacé par une célèbre actrice française…

Les organisateurs de l’événement à Cannes en mai

Même si l’événement n’est pas associé avec le “vrai” Festival de Cannes, qui se tient cette année du 14 au 25 mai, ses organisateurs seront présents sur la Croisette le 22 mai pour promouvoir “Cannes 1939 à Orléans”.
Le site de “Cannes 39” : www.festivalcannes1939.com
Yohann Desplat

Commentaires

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  1. Attribuer au seul Jean Zay la paternité du Festival de Cannes est faire preuve de beaucoup d’injustice à l’égard de Philippe Erlanger et Suzanne Borel (épouse ensuite de Georges Bidault).
    Philippe Erlanger était, au Ministère des Beaux-arts, le délégué de la France au Festival de Venise. C’est au retour de la très contestée Mostra de 1938 que l’idée lui serait venue de faire un festival en France et qu’il s’en ouvre à Suzanne Borel. Celle-ci, au Service des Oeuvres françaises à l’étranger du Ministère des Affaites étrangères, va contribuer activement au développement du projet.
    Tout ceci n’enlève rien au mérite de Jean Zay qui permit à ce superbe projet de prendre corps, même si la déclaration de guerre en 1939 empêcha le Festival de Cannes d’avoir lieu dès cette année là.
    Mais ce n’était que partie remise et ces deux personnages se retrouvèrent en première ligne dès 1946.

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