Notre ancien ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Bruno Lemaire, qui reprend ce propos dans le livre qu’il vient de publier “Jours de pouvoir” (Gallimard) appelait déjà à “l’autonomie alimentaire”. Vaste programme qui suppose une stratégie agricole nationale sinon européenne avec un bon rapport qualité-prix recevant l’adhésion de tous les consommateurs, du moins de leur grande majorité pour inverser les habitudes de consommation actuelles.
La supercherie manifeste qui vient d’être révélée en même temps que l’époustouflant circuit suivi par nos denrées alimentaires y suffira-t-elle? Un vent de panique souffle dans l’agroalimentaire et la grande distribution tandis que les ministres concernés montent au créneau. “Il faut sur l’étiquette,”disent-ils ,” plus d’indications sur l’origine des produits, comment ils sont réalisés , dans quelles conditions, quels sont les lieux de production”.
Mais depuis des années, les producteurs s’opposent à cet étiquetage. Car dès lors qu’un produit est transformé, il n’est plus besoin d’indiquer son origine. Cette opacité leur permet d’acheter de la viande là où elle est la moins chère et de changer de lieu en fonction des cours, semaine après semaine. On comprend pourquoi Ils sont très attachés à cette flexibilité qui conduit à la malbouffe.
Françoise Cariès