C’est l’été, temps des traditionnelles vacances… Désormais, notre monde de plus en plus connecté nous le fait ostensiblement savoir via les réseaux sociaux.
par Gen-Si
Du simple « Bonnes vacances, rendez-vous à la rentrée », posté sur une page Facebook personnelle, au détail du contenu du déjeuner en famille montré comme joyeux, de l’étalage quotidien des lieux de villégiatures à l’exclamation des découvertes plus merveilleuses les unes que les autres ; que les autres ne pourront jamais toucher du doigt, sauf sur Instagram… Bienvenue dans ce vertigineux tourbillon cinémascopique et planant des vacances d’été.
Et pourtant malgré l’envie de chacun de montrer l’exceptionnalité de ses vacances, sommes-nous réellement en vacances ? Toujours reliés à notre téléphone portable, dont il est impossible de se séparer pour ces quelques semaines ? Ce serait là un bien grand risque de le faire ou la mort de notre si fragile, mais ô combien indispensable vie de réseau social.
Boom, 10 amis virtuels en moins. Comme ça. Je ne suis plus si attrayant, car ma vie ne l’est plus ? Vilaine et virtuelle inquiétude. De manière moins virtuelle cette fois, sommes-nous, durant ces vacances, condamnés à être dans cette cohorte d’êtres humains qui tout d’un coup quittent leurs environnements urbains ou semi-urbains pour se ruer tous de concert, vers ces lieux de « Nature » de plus en plus prisés ? Donc de plus en plus exploités. Pendant pile 2 mois, pour se couper, comme un grand soulagement de tout notre quotidien ? Et s’accommoder à notre convenance de la notion de respect de la Nature ?
Ce quotidien justement, qui semble une punition tellement l’on exprime le soulagement de partir en vacances. Ah ! Les vacances ! ! Enfin ! Moment tant attendu. Retrouver cette même agitation, mais dans un autre environnement défini comme lieu de villégiature ! Et pourquoi donc ce besoin ? Et pourquoi comme cela et maintenant ? Et pas quand je l’ai décidé ?
Car il le faut bien. Question de calendrier d’abord, qui contraint généralement tous bons parents ayant des enfants en âge d’être scolarisés, à prendre ces vacances durant ces 2 mois. Et aux jeux d’apprentis équilibristes avec les obligations professionnelles. Question de mimétisme ensuite, car les lieux de vacances sont aussi le reflet de ce que l’on souhaite montrer du groupe social auquel on se sent appartenir. Question de fatigue aussi peut-être, car fatigué de cette pression d’organiser ces exceptionnelles vacances, on a fait ce que l’on pouvait.
Je sais j’ai un peu pourri vos vacances là, mais étaient-elles si magiques que ça ?
Une autre approche vient me chatouiller espièglement l’esprit. Je vous propose une petite disruption comme une sucrerie au souvenir d’enfance pour vos vacances. Et si l’on se mettait vraiment en « vacances », au sens littéral du terme ? En « non disponibilité », durant un petit moment, car en rendez-vous avec soi-même. « Cette année je suis en vacances durant 2 semaines, je pars en rendez-vous avec moi-même ».
« Égoïsme suprême » ! s’exclameront certains plus effrayés de passer du temps avec eux-mêmes, que d’être bloqués durant des heures sur une autoroute bondée de voiture allant toutes dans la même direction, ou de se retrouver à la caisse d’un supermarché sur-fréquenté d’une ville du Sud de la France. Car prendre rdv avec soi-même c’est prendre un risque de se décevoir, sans pouvoir trouver les excuses que l’on a imaginées pour balayer de son esprit son amour d’enfance.
Mais pas vous cette fois. Prêts à en profiter vraiment ? Oui, un temps de retour à soi, ou l’avis de la masse n’a pas d’importance. Un temps de dialogue avec sa personne ou l’on écoute réellement ses envies, ou l’on s’interroge, ou l’on cultive sa joie, son indépendance, sa liberté.
Prendre rendez-vous avec soi c’est surement aussi réapprendre à ouvrir son regard, un regard neuf : Sur soi-même, sur le temps que l’on accepte de laisser se dérouler devant nos yeux sans vouloir le rendre productif ou le contraindre, de quelque manière que ce soit ; donc de se reconnecter avec sa vraie Nature et la Nature. Flâner, sentir le goût de la vie, du Monde, de cette œuvre infinie tel un Musée cosmique à ciel ouvert. S’accorder comme ce vieux piano longtemps délaissé par manque de temps.
Cette Nature et ce repos que tous les vacanciers étaient justement partis rechercher et qu’ils ont, comble de l’ironie, perdu en s’attelant à espérer un résultat, ne seraient-ils pas cela ? Retrouver le goût de la découverte de vastes et inexplorées contrées que sont les mondes de soi-même, que l’on se trouve physiquement là, ou ailleurs ? Peu importe finalement.
En vacances, en partance pour soi, pour enfin les partager généreusement avec les autres, au son des cigales de son âme… et pourquoi pas ramener un peu de ce soleil intérieur là, à la rentrée ? Et le faire durer toute l’année.
Bonne vacances à vous !
Gen-Si