Le peintre américain Andy Warhol prédisait qu’au XXIe siècle, chacun pourrait espérer « 15 minutes de célébrité ». La chose a été vérifiée avec les projets de restauration de Notre-Dame de Paris dont la presse et la télévision se sont tout de suite fait l’écho élogieux. 
Pensez donc ! Tout cela est tellement original et si propre à imprimer une « French touch » aux J.O. !
Par Gérard Hocmard
Encouragés sans doute par la promesse d’une loi d’exception afin de pouvoir se passer de l’avis des spécialistes du patrimoine responsables de l’intégrité des sites et monuments, probablement aiguillonnés par le souci du Président de vouloir « en jeter » à l’occasion des Jeux Olympiques avec un « geste architectural fort », c’est visiblement à qui y sera allé de son projet pour attirer les projecteurs sur soi et se faire plaisir, en oubliant au passage la fonction du lieu. Il semble, sans qu’on puisse en être totalement sûr, que l’on n’ira tout de même pas jusqu’au toit plat pour héberger une annexe du zoo de Vincennes ou une piste de skateboard…
Il faut quand même une assez fabuleuse dose d’audace pour se permettre de dire, comme l’a fait le Ministre de la Culture, que l’afflux des dons du monde entier encourage à innover et que modifier l’allure générale de la cathédrale est une démarche qui s’inscrit dans la tradition. Si Notre-Dame a perdu une première flèche (plus courtaude) au XVIIIe siècle, c’est parce qu’elle menaçait ruine et a dû être démolie. Et si Viollet-le-Duc a « innové », il l’a fait en respectant ce qu’il pensait être l’esprit des bâtisseurs du Moyen-Âge (quitte à en rajouter, certes) au lieu de vouloir montrer que s’il avait voulu, il pouvait couvrir la nef d’une voûte métallique façon halle, très « moderne » à l’époque, pour rivaliser avec l’architecture le Crystal Palace. De toutes façons il avait alors affaire à des élites politiques cultivées, à un Mérimée Inspecteur des Bâtiments, qui ne l’auraient pas laissé faire. C’est ainsi qu’il a eu l’intuition géniale de développer la métaphore de la nef parisienne esquissée par la double rangée d’arcs-boutants en la dotant d’un mât, sa fameuse flèche.
Maintenant, que l’on utilise des techniques et des matériaux contemporains ne serait pas choquant pourvu qu’on ne s’avise pas de vouloir « embellir » ou provoquer.
Ce que le Président ne comprend apparemment pas avec sa loi d’exception, les J.O. et leurs retombées commerciales comme seule cible, c’est que la notion de sacré va très au-delà du caractère de lieu de culte qui est la fonction de la cathédrale et que s’attaquer au chantier de Notre-Dame pour la rendre « encore plus belle » touche un repère d’identité qui est bien plus national, voire universel, que simplement catholique.